Les autorités de la transition ont annoncé, fin novembre avoir recruté 90.000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Le recrutement de ces supplétifs civils vise à seconder l'armée dans la lutte contre les groupes extrémistes violents. Cette stratégie est diversement appréciée par les invités de Eric Topona, sous l'Arbre à Palabres.
Dans une note publiée mi-décembre, l'institut d'études de sécurité (ISS) estime qu'"au Burkina Faso, l’heure est à la mobilisation patriotique pour faire face aux groupes extrémistes violents qui occupent plus de 40 % du territoire national. La campagne de recrutement de 50.000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP), lancée en octobre 2022 par les autorités issues du coup d'État du 30 septembre 2022, s’est achevée le 18 novembre avec la réception au niveau des sites d'enrôlement de 90.000 dossiers de candidature."
Selon les auteurs de cette note, "le recours à des supplétifs civils pour appuyer les Forces de défense et de sécurité (FDS) dans la lutte contre le terrorisme est expérimenté depuis 2020 sous la présidence de Christian Kaboré. Ils interviennent particulièrement dans les régions de Kaya (Centre-Nord), d’Ouahigouya (Nord) et de Fada-n'gourma (Est). Les nouvelles autorités entendent généraliser leur déploiement en répartissant 35.000 VDP dans leurs communes de résidence et 15.000 aux côtés des FDS sur tout le territoire."
Si le recrutement de ces civils pour venir en appui à l'armée est saluée par certains burkinabés, d'autres se posent beaucoup de questions.
Les autorités ont déclaré que ces volontaires seront formés pendant deux semaines. "Deux semaines sont-elles suffisantes pour former un combattant ? Le pays dispose-t-il des quantités d’armes et de munitions nécessaires pour doter les 50 000 VDP recrutés ? Quelles conditions de vie et de travail leur seront assurées ?", s'interrogent Hassane Koné et Fahiraman Rodrigue Koné, chercheurs principaux, Programme Sahel, Bureau régional de l’ISS pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du lac Tchad.
Autres interrogations des chercheurs : "pour répondre au défi majeur de l’encadrement, la brigade de veille et de défense patriotique (BVDP), créée en juin 2022 pour regrouper l’ensemble des VDP et coordonner la défense civile du territoire, pourra-t-elle exercer le contrôle requis sur les nombreux groupes de VDP dispersés dans les 351 communes du pays ? L’éventuel déficit d’encadrement ne favorisera-t-il pas les abus et les exactions par ces VDP qui ne sont pas formés au respect des droits humains ?"
Eric Topona a posé toutes ces questions à ces invités sous l'Arbre à Palabres:
- Mahamadou Sawadogo, ancien gendarme, Directeur général du cabinet GRANADA Consulting et spécialiste de l'extrémisme violent dans le Sahel.
- Ahmed Diémé, directeur de Sascom Sahel stratégie Communication, consultant sur les questions de Conflit dans le sahel.
- Amirou Dicko, émir de la région du Liptako, à cheval entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
- Seidik Abba, journaliste, spécialiste du Sahel, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Boko Haram. Son dernier livre est paru en mars 2022 chez Impacts éditions: Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous ?.
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L'Arbre à Palabres est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Fréjus Quenum et Eric Topona. Il est diffusé le vendredi à 17 h 30 TU et le samedi à 7h TU et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3.