Feu vert au suicide assisté en Allemagne // Épidémie du jeu en Espagne | PROGRAMME | DW | 04.03.2020
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PROGRAMME

Feu vert au suicide assisté en Allemagne // Épidémie du jeu en Espagne

La Cour constitutionelle allemande vient de juger anticonstitutionnelle l'interdiction de l'assistance au suicide "organisée". Cette "liberté de choisir sa mort" provoque de nombreux débats dans le pays. Dans la seconde partie de cette émission, Vu d'Allemagne vous emmène à Barcelone, en Espagne, où le nombre d'accros aux jeux d'argent ne cesse d'augmenter.

C'est une décision qui ne cesse de faire parler depuis qu'elle a été rendue : celle de la Cour constitutionnelle allemande, le 26 février 2020, en faveur "de la liberté de choisir sa mort". "Ce droit inclut la liberté de s'ôter la vie, de demander de l'aide pour le faire et, dès qu'elle sera proposée, d'en faire usage", expliquait Andreas Voßkuhle, le président de la Cour constitutionnelle fédérale allemande de Karlsruhe, la semaine dernière, lors du rendu de la décision. Un jugement qui revient donc à autoriser le suicide assisté. 

Pourquoi cette décision aujourd'hui ? 

Contrairement aux Pays-Bas, à la Belgique et au Luxembourg, l'euthanasie reste interdite en Allemagne

Contrairement aux Pays-Bas, à la Belgique et au Luxembourg, l'euthanasie reste interdite en Allemagne

Pour comprendre les raisons de cet arbitrage, il faut remonter un peu en arrière. Etape 1, en 2015 : les députés allemands au Bundestag interdisent l'assistance organisée au suicide. En clair -et très raccourci- un médecin ne peut pas vous mettre à disposition un médicament pour mourir, sous peine de sanction. Mais, phase 2, deux ans plus tard : la plus haute Cour administrative du pays va alors contre cette loi. "Dans des cas exceptionnels, l'Etat ne peut empêcher l'accès d'un patient à des produits anesthésiques qui lui permettraient de se suicider de manière digne et sans douleur", estime alors la Cour administrative de Leipzig. 

Sauf que, c'est la troisième étape, le ministère fédéral de la Santé bloque la décision. C'est pour ça que la Cour constitutionnelle, saisie depuis, vient finalement, dans le quatrième épisode de cette histoire, de se prononcer. En faveur du suicide organisé. 

Qui cela concerne ? 

Beaucoup attendaient la décision récente de la Cour constitutionnelle. "Les plaignants sont, entre autres, des associations, basées en Allemagne et en Suisse, qui offrent une assistance au suicide. Ce sont aussi des personnes gravement malades qui veulent mettre fin à leur vie avec l'aide d'une telle association et qui sont déjà décédées dans certains cas, ainsi que des médecins qui prodiguent des soins", rappelait le président de la Cour à Karlsruhe, Andreas Voßkuhle. 

Ainsi, la décision de la Cour constitutionnelle doit apporter un cadre et des règles pour ces malades qui attendent, ou bien des médecins qui ne savent pas comment agir. 

Pour la Cour constitutionelle, l'aide ne doit pas être subordonnée au diagnostic d'une maladie incurable

Pour la Cour constitutionelle, l'aide "ne doit pas être subordonnée au diagnostic d'une maladie incurable"

Des pour...

Les auteurs d'un récent sondage assurent que 80% des Allemands se disent en faveur d'une assistance au suicide. Cela serait la meilleure solution pour certains malades ou des personnes à bout de force. C'est aussi ces arguments que plaident les associations qui avaient demandé à la Cour constitutionnelle allemande de se prononcer. 

"La plupart des gens veulent vivre. Il n'y aura pas de "demande de mort". Ce serait un non-sens total de présenter cela ainsi", argumente par exemple l'avocat allemand de l'association Dignitas qui aide déjà des personnes à mettre fin à leur jour en Suisse, et qui faisait partie des plaignants à Karlsruhe. Et de poursuivre : "C'est simplement qu'il y a des gens qui sont dans une situation de maladie grave, de dépression profonde, parfois simplement fatigués de la vie. Et ces personnes, si elles veulent quitter cette vie, alors ce souhait doit être respecté et la Cour constitutionnelle l'a exprimé avec une clarté admirable".

Et des contre...

Mais le sujet reste très polémique et compliqué, d'autant plus en Allemagne. L'Eglise catholique, par exemple, est toujours très puissante et opposée à toute avancée sur la question. La Cour constitutionnelle a en plus parlé d'un droit à mourir "dans chaque phase de l'existence humaine", ouvrant ainsi la possibilité au suicide assisté à des personnes en parfaite santé et pas forcément vieilles. Le nombre de personnes âgées augmente aussi dans le pays. Certaines sont parfois seules, sans famille à proximité. Dans le camp des opposants on craint donc que l'ouverture du droit à la fin de vie soit la porte ouverte à tout. 

Certains craignent que le choix de mettre fin à sa vie soit influencé par la pression sociale, dans le cas de personnes âgées qui aurait l'impression d'être un poids pour leur famille par exemple

Certains craignent que le choix de mettre fin à sa vie soit influencé par la pression sociale, dans le cas de personnes âgées qui aurait l'impression d'être un poids pour leur famille par exemple

"Cette décision est dangereuse pour les personnes sous pression. Il est prouvé que les offres d'assistance au suicide de type commercial conduisent à un nombre plus élevé de suicides et le fait que la Cour constitutionnelle fédérale prenne une telle décision, cela donne une nouvelle dimension", estime par exemple le député conservateur CDU Michael Brand, qui avait participé à la rédaction de la loi de 2015, aujourd'hui remise en cause. "Nous avons un nombre croissant de personnes malades, de personnes âgées faibles, qui se sentent sous pression. Nous recevons beaucoup de réactions ces dernières années et le législateur a le devoir de protéger ces personnes", insiste-t-il. 

Que va-t-il se passer maintenant ? 

La décision de la Cour constitutionnelle doit être traduite dans les règles et la loi allemande. La Cour constitutionnelle a précisé que le législateur peut "réglementer l'assistance au suicide, en obligeant par exemple les personnes à s'informer ou en les faisant respecter un délai d'attente", pour éviter des décisions irréversibles prises trop rapidement. Quoi qu'il en soit le ministre fédéral de la santé Jens Spahn veut se laisser du temps. "Je vais maintenant m'entretenir avec toutes les parties concernées afin de trouver une solution", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse, suite à la décision de la Cour constitutionelle.

Le ministre de la santé allemand Jens Spahn veut se laisser du temps. Trop selon certains

Le ministre de la santé allemand Jens Spahn veut se laisser du temps. Trop selon certains

"Il est tout important qu'un droit à une mort autodéterminée ne se transforme pas en une habitude, voire en une obligation de recourir à l'euthanasie à cause d'attentes sociales", a poursuivi Jens Spahn, qui a aussi, depuis, répété plusieurs fois qu'il avait voté pour l'interdiction de 2015. 

Alors est-ce que la décision de la Cour se traduira par une nouvelle loi ? Des décisions administratives ? Il est difficile de le dire pour l'instant. Ce qui est sûr c'est que les personnes favorables à l'aide au suicide s'activent déjà. L'association Dignitas a annoncé en début de semaine qu'elle voulait relancer ses services d'aide au suicide en Allemagne. Des médecins se seraient aussi déjà manifestés vers d'autres associations se disant prêt à aider des personnes voulant mourir. 

Mais un autre jugement dans ce dossier de la fin de vie est toujours en attente à la Cour constitutionnelle. Le ministre de la santé n'est donc pour l'heure toujours pas revenu sur le blocage décidé il y a deux ans de la délivrance d'un médicament permettant l'aide au suicide. 

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