Heinrich Barth, un explorateur allemand en Afrique // La chasse séduit en Allemagne | PROGRAMME | DW | 03.03.2021
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PROGRAMME

Heinrich Barth, un explorateur allemand en Afrique // La chasse séduit en Allemagne

Géographe, historien, et explorateur de l'Afrique, Heinrich Barth est un personnage méconnu. Il fût pourtant un explorateur extraordinaire de l'Afrique. Dans ce podcast également, des chiffres sur les agressions contre les réfugiés en Allemagne et des explications sur la chasse dont les associations ne cessent de grandir dans le pays.

Il est un personnage extrêmement important, pont entre l’Afrique et l’Europe, et pourtant méconnu du grand public. Géographe, historien, parmi les premier européens a avoir atteint Tombouctou et à en être revenu vivant en Europe : on fêtait le 200ème anniversaire de la naissance d'Heinrich Barth le 21 février dernier. Vu d'Allemagne se penche su sa biographie dans ce podcast, à écouter ci-dessus et/ou à télécharger en mp3 également (à droite sur votre ordinateur ou en cliquant sur les trois petits points ci-dessous via votre téléphone portable). 

Expédition anglaise

En 1850, alors âgé de 28 ans Heinrich Barth, fait partie d’une expédition payée par la couronne britannique. Une expédition commerciale et scientifique qui vise à lutter contre la traite des esclaves, en intensifiant le commerce. On veut échanger davantage de biens avec l’Afrique, plus que des hommes.

On fait confiance à Heinrich Barth, qui a déjà voyagé en Afrique, pour accompagner le dirigeant de l’opération James Richardson et le géologue allemand Adolf Overbeck. Partis de la Libye, les missionnaires doivent explorer le Sahara et rejoindre le lac Tchad. Mais bientôt Heinrich Barth va se retrouver à gérer complètement le voyage...

"James Richardson est mort sur le chemin du Sahara. Adolf Overweg meurt lui aussi soudainement en 1852 des suites de fièvre et Heinrich Barth est alors officiellement nommé par le gouvernement britannique comme nouveau directeur, ce qui était bien sûr preuve d'une très grande confiance pour que lui, étranger, soit chargé de cette expédition", raconte Christophe Marx, professeur d'histoire non-européenne à l'Université de Duisburg-Essen en Allemagne, spécialisée dans l’histoire de l'Afrique. Il va publier prochainement des lettres d’Heinrich Barth sur lesquels il travaille depuis plusieurs années. 

À l'origine de cette confiance notamment : les premiers travaux de l'explorateur allemand. "Il avait toujours été très diligent pour dans l'envoi des rapports de voyage. Et cela a évidemment beaucoup impressionné le gouvernement britannique", explique Christophe Marx. 

Un travail jamais accompli auparavant

Heinrich Barth poursuit l’expédition et traverse bientôt les territoires de l’actuel Libye, le Niger, le Nigeria, le Mali, le Burkina-Faso et le Tchad. Partout il échange avec ceux qu’il rencontre, prend de notes, fait des cartes… Un travail jamais accompli jusque-là. "Avant lui, il y avait souvent eu des officiers britanniques qui étaient bons pour les mesures, mais qui ne connaissaient aucune langue, ne savaient souvent que peu de choses sur l'histoire et ne s'y intéressaient pas particulièrement. C'était différent avec Heinrich Barth", confirme Christophe Marx. "Il était le chercheur le plus instruit sur l'Afrique. Quelqu'un a un jour calculé qu'il écrivait 33 pages de journal chaque jour !"

Heinrich Barth mènera des recherches sur les langues, sur la géographie, les plantes, les animaux... Il décrit la vie des gens, les routes, la façon dont les caravanes ou les marchés sont organisés. "Ce qui est extrêmement intéressant c'est que les jugements sur les personnes qu'ils rencontrent ne sont pas exempts de racisme, cela faisait fait partie de la formation intellectuelle d'un homme de cette époque, mais il a quand même un très grand intérêt pour les sociétés africaines et il respecte énormément les lettrés qu'il rencontre, les souverains et il s'intéresse et discute aussi avec des esclaves ou avec des hommes et des femmes ordinaires", explique Camille Lefebvre, historienne, spécialiste de l’Afrique et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique en France.

Géographie, linguistique et histoire

Heinrich Barth note tout, détaille. "On est clairement dans un moment d'exploration scientifique", précise encore Camille Lefebvre. "Quand il se déplace, il est souvent seul, sans escorte armée, il entre dans des caravanes qui sont des caravanes africaines qui existent en dehors de lui. Il ne s'impose pas comme cela se fera plus tard lors des expéditions coloniales, mais il entre vraiment dans les circulations africaines."

Heinrich Barth multiplie les entretiens, collecte et recopie, manuscrits, généalogies, dessine des cartes et perce même le secret du fleuve Niger. Les Européens ne savaient alors pas si c’était un fleuve indépendant ou un affluent du Nil. Ainsi la connaissance de la géographie et de l’histoire du continent progresse. "Il a pu montrer le développement historique de l'Afrique, ce qui n'avait pas été fait jusque-là", raconte Christophe Marx.

Le professeur d'histoire insiste aussi sur les recherches dans le milieu linguistique effectuées par Heinrich Barth.  "Il pouvait parler, je dirais, une dizaine de langues différentes, dont l'arabe, différents dialectes et quatre langues africaines. Il a rassemblé le vocabulaire de plus de 30 langues différentes et il était si bon qu'il pouvait aussi montrer les liens entre ces langues, de sorte qu'il est aussi l'un des fondateurs de l'étude des langues africaines."

Un quartier où a vécu Heinrich Barth à Zinder au Niger

Un quartier où a vécu Heinrich Barth à Zinder au Niger

Long séjour à Tombouctou

En septembre 1953 Heinrich Barth atteint Tombouctou. Mais son arrivée n’est pas simple. Heinrich Barth est un chrétien. Pas vraiment bienvenu. "Et puis ce séjour a été extrêmement compliqué parce qu'il s'est retrouvé pris dans un conflit local entre deux branches d'une famille lettrée de la région, qui sont entrées en conflit autour de sa présence et autour du fait de savoir s'il fallait accueillir un chrétien et le laisser voyager en toute liberté dans la ville", détaille Camille Lefebvre. 

Heinrich Barth restera près dix mois sur place. Il passera par Gao en retournant vers l’Europe dès 1954. Après son retour en 1955, Heinrich Barth publiera cinq tomes en anglais et en allemand sur son voyage : 7000 pages au total, écrites en trois ans. Un travail très dense, ce qui explique aussi pourquoi les livres resteront réservés à une élite et n’auront pas un énorme succès populaire.

La maison où a vécu Heinrich Barth à Tombouctou en 1910

La maison où a vécu Heinrich Barth à Tombouctou en 1910

Heinrich Barth assistera ensuite à la montée des nationalismes et du colonialisme. Un mouvement auquel il refusera d’adhérer complètement. Il meurt en 1865 à Berlin, à la fin l’époque de ce que les historiens appellent parfois le deuxième âge des découvertes et des explorations scientifiques. La fin d'une époque, juste avant un autre temps : celui de l’impérialisme et des empires coloniaux.

Aujourd’hui son travail est encore une mine d’informations, pour les chercheurs européens et africains. Un colloque a même été organisé il y a une quinzaine d'années à Tombouctou. "Il y avait des chercheurs venus de toute l'Europe et de toute l'Afrique", raconte Camille Lefebvre. "Ils ont travaillé sur tous les travaux et les informations laissées par Heinrich Barth. C'est une figure importante encore aujourd'hui, il est reconnu en Europe comme en Afrique". 

Pour en découvrir davantage : le livre "Heinrich Barth et l’Afrique",sous la direction notamment du professeur d’origine malienne Mamadou Diawara.

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Des réfugiés pris pour cible tous les jours en Allemagne

Manifestation à Berlin en 2018

Le nombre de manifestations néonazies a augmenté en 2020

Ce sont des chiffres peu réjouissants, et c'est peu dire : 1.606 actes de violences ont été recensés en 2020 contre les réfugiés en Allemagne. Cela fait plus de quatre par jour. Les statistiques incluent les insultes, les incitations à la violence, les dommages aux biens et les actes de violence directs. Ainsi 201 personnes ont été blessées l’an dernier. 

Autre chiffre qui ressort de ces rapports du ministère fédéral de l’intérieur : celui de nombre de manifestations néonazies, en hausse par rapport à 2019, malgré les interdictions temporaires de manifester face à la pandémie. On a dénombré l’an dernier 133 manifestations, contre 124 en 2019. Seule réjouissance : le nombre de participants à ces manifestations est lui en baisse. Quatorze mille manifestants ont été comptabilisés en 2020, contre 19.840 en 2019.

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La chasse séduit toujours plus en Allemagne

Shanna Reis était végétarienne avant de se mettre à la chasse

Shanna Reis était végétarienne avant de se mettre à la chasse

C'est avec un chiffre que nous débutons la deuxième partie du podcast de Vu d'Allemagne ce semaine : 19.000. Soit le nombre de nouvelles demandes de permis de chasse l’an dernier en Allemagne. Des permis assortis d’examens, obligatoires pour pouvoir se servir d’une arme. Ainsi la pratique est en hausse dans le pays.

On comptait fin 2020 près de 400.000 chasseurs au total, soit un quart de plus qu'il y a 30 ans. Pour donner une idée et comparer avec un pays voisin, la France, cela reste peu. On compte environ un million de chasseurs de l'autre côté de la frontière. Mais là-bas le chiffre a diminué de moitié en 40 ans. Alors pourquoi ce retour à la chasse en Allemagne, dans un pays où la consommation de viande a pourtant tendance à baisser ?

Des jeunes chasseurs

Une explication se trouve dans l’âge des pratiquants : certains jeunes se mettent à cette activité. A 28 ans, par exemple, Shanna Reis qui vit dans l’Ouest près de Francfort, s’est mise à la chasse il y a cinq ans. Fusil à l’épaule, dreadlocks sur la tête et piercing au nez, cette ancienne végétarienne raconte à l’Agence France Presse pourquoi elle chasse désormais des animaux. "Il est important pour moi de savoir d'où vient la viande que je mange, que je puisse retracer toutes les étapes, que j'aie vu l'animal vivant, que consciemment je ne mange pas trop, mais que je sache d'où ce que je mange vient", explique-t-elle.

Savoir d’où vient ce qu’on mange, manger local : des mots qu’on entend de plus en plus partout en Allemagne. D’autant plus encore à la suite des scandales de travailleurs mal payés et mal protégés face à la Covid-19 dans les abattoirs. La pandémie a d’ailleurs joué un rôle pour les nouveaux entrants dans la chasse assure Shanna Reis. "Je pense que la Covid nous a définitivement rapprochés de la nature parce que c'est le dernier endroit où nous pouvions aller. Je pense aussi que beaucoup de gens ont mieux compris l’importance du local, de la valeur des aliments que nous produisons ici dans la région"

Des explications que confirment Anna Martinsohn, qui répond aux questions des journalistes à l’association de chasse allemande. "La plupart des gens qui passent leur permis disent le faire parce qu’ils s'intéressent à la nature, leur environnement immédiat et veulent protéger tout cela", assure-t-elle. Des arguments de protection de la nature souvent débattus, voire réfutés par les anti-chasse.

Dans le débat, les associations de chasse peuvent désormais compter sur les membres les plus jeunes. Ainsi, comme d'autres, Shanna Reis s'est emparée d’Internet et des réseaux sociaux pour promouvoir et défendre l'activité. Facebook, Youtube ou Instagram regorgent de comptes pour expliquer la chasse et la mettre en valeur.

"J'essaie souvent de parler de la chasse, j'essaie d'expliquer aux gens ce que nous faisons ici, parce qu'il est très important qu'en tant que chasseurs que nous ne nous enfermions pas dans une bulle sans rien dire, que nous expliquions aux gens ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. C'est la seule façon de casser les préjugés et de faciliter la compréhension", explique-t-elle.

Pour casser les préjugés et changer l’image de la chasse, les associations peuvent aussi compter sur l'arrivée des femmes. Elles n’étaient encore que 7% des effectifs fin 2019, mais représentent désormais un quart des nouveaux et nouvelles inscrites pour les formations et examens de permis de chasse.

 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast.Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.