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Interrogations autour du drame de Nouna au Burkina Faso

5 janvier 2023

Le gouvernement a lancé une enquête sur la tuerie du 30 décembre. Mais les défenseurs des droits de l'homme doutent fort qu'elle aboutisse.

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Des soldats en poste devant un camp militaire à Ouagadougou
Dans son combat contre le terrorisme, l'armée burkinabè est soutenue par des supplétifs Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Les interrogations se multiplient au Burkina Faso après le drame de Nouna qui a fait, selon un bilan officiel, 28 morts, le 30 décembre dernier - essentiellement au sein de la communauté peulh.

Des volontaires pour la défense de la patrie ont été accusés d'avoir commis ce massacre, en représailles, après une attaque terroriste menée contre leur quartier général dans cette localité du nord-ouest du pays. Or, ces supplétifs de l'armée ont été enrôlés par les autorités burkinabè justement pour soutenir les militaires dans leur lutte contre les groupes terroristes.

Ce jeudi sur la DW Afrique, dans le journal de 17hTU, Ali Sanou, secrétaire général du Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP), revenait sur le sujet.

''L'État a du mal à assurer le droit à la sécurité pour tous' (MBDHP)

Ali Sanou : Lorsque l'on regarde déjà la multiplication des attaques terroristes, on montre que l'État burkinabè a du mal à assurer le droit à la sécurité pour tous et pour toutes dans le pays, ce qui est déjà regrettable. Ensuite, dans la réponse publique qui est donnée, on constate qu'il y a trop souvent des amalgames qui sont faits entre l'ethnie et les actes terroristes. Nous ne sentons pas de la part des autorités, au-delà du discours, un engagement ferme à agir pour que cet amalgame là prenne fin. Donc, nous, nous pensons que nos autorités aussi politiques et judiciaires doivent agir de façon plus ferme. Premièrement pour mettre un terme de façon définitive aux exécutions sommaires, extrajudiciaires et aux disparitions forcées. Et deuxièmement, pour que les victimes de tels actes puissent avoir gain de cause devant la justice de leur pays.

DW : Le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête. Vous pensez que c'est à nouveau des paroles qui ne seront pas suivies d'actions ?

Ali Sanou : Ce que je constate, c'est qu'à chaque fois que les organisations des droits humains dénoncent des exactions, on annonce l'ouverture d'enquêtes.Mais nous attendons toujours que l'ouverture d'enquêtes soit suivie et de jugements effectifs pour les auteurs de tels actes.

DW : Est-ce qu'on peut penser que ces autorités ont intérêt à ce que ces amalgames soient faits, même si ça conduit à des tueries ? 

Ali Sanou : Je ne dirais pas cela et je n'ai pas d'éléments pour appuyer le fait que des autorités aient intérêt à ce que les amalgames soient faits. Moi, je me contente des faits et les faits, c'est que à Nouna, les tueries ont duré plusieurs heures. Normalement, les forces de défense et de sécurité auraient dû intervenirpour protéger les victimes de ces tueries. Nous n'avons pas eu d'éléments sur une quelconque intervention de ces forces de défense et de sécurité dont la mission, justement, est de protéger les populations, notamment civiles. Et donc, nous attendons que, en pareilles circonstances, ces forces là puissent convenablement jouer le rôle. Et cela contribuerait à atténuer le sentiment de stigmatisation qui se développe de plus en plus dans notre pays.