L'Allemagne, cinq ans après la "crise des réfugiés" // Les jeunes avocats ghanéens ne veulent plus porter de perruque | PROGRAMME | DW | 02.09.2020
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PROGRAMME

L'Allemagne, cinq ans après la "crise des réfugiés" // Les jeunes avocats ghanéens ne veulent plus porter de perruque

"Wir schaffen das" – Nous allons y arriver"… c'est ce que promet Angela Merkel en 2015 que l'Europe fait face à un afflux inédit de réfugiés. Cinq ans plus tard, l'Allemagne a-t-elle réussi le pari de l'intégration? // En 2ème partie d'émission, reportage au Ghana, où une nouvelle génération d'avocats veut se débarrasser des symboles hérités de la colonisation britannique.

"Je dis tout simplement que l'Allemagne est un pays fort. Notre motivation doit être: nous avons déjà réussi tant de choses. Nous allons y arriver. Nous allons y arriver, et là où il y a des obstacles, il faudra les surmonter."

Ce 31 août 2015, la chancelière Angela Merkel veut rassurer l'opinion allemande.

En quelques semaines, des dizaines de milliers de personnes sont arrivées aux portes de l'Europe, principalement par la "route des Balkans. La plupart viennent de Syrie, où la guerre fait rage, mais aussi d'Irak, d'Afghanistan ou d'Afrique du Nord.

La chancelière des réfugiés

Alors que les Européens sont divisés sur l'attitude à adopter face à ces arrivées massives, Angela Merkel annonce que l'Allemagne va laisser entrer ceux qui cherchent un refuge. Autrice d'une thèse sur l'accueil des sans-papiers, Insa Breyer se souvient de ce moment particulier.

"C'était un moment très important, historiquement, et je pense qu'il était très important d'ouvrir les frontières. Je ne crois pas qu'au moment où elle a prononcé cette phrase, Angela Merkel savait qu'elle deviendrait aussi 'historique'." 

La décision d'Angela Merkel lui vaudra le surnom de "chancelière des réfugiés". Rien qu'en 2015, près d'un million de personnes déposent une demande d'asile. Il s'agit dès lors pour l'Allemagne de gérer l'accueil, la relocalisation et l'intégration des personnes à qui elle a ouvert ses portes.

L'engagement des bénévoles, pilier de l'intégration

Un défi relevé grâce à l'engagement de nombreux bénévoles. Beaucoup d'Allemands, choqués par les images de la guerre en Syrie, mais aussi par les naufrages en Méditerranée, se mobilisent alors pour accueillir des réfugiés.  

"On a vu que l'administration était débordée par la situation et beaucoup de questions ont été prises en charge par la société civile, par ce qu'on a appelé en Allemagne la 'Willkommenskultur' - la culture de l'accueil", se souvient Insa Breyer.

"Beaucoup de gens sont venus aider, donner des cours d'allemand, pour des enfants et des adultes, des vêtements, du temps... toute une structure s'est créée et c'était exceptionnel car on voyait une volonté dans la société d'accueillir des gens, de donner du temps."

L'apprentissage de l'allemand, une des clés pour une intégration réussie

L'apprentissage de l'allemand, une des clés pour une intégration réussie

Un engagement qui a porté ses fruits: cinq ans plus tard, le bilan de l'intégration des réfugiés de 2015 est plutôt positif. 

"Plus d'un million de réfugiés ont été intégrés, environ 50% travaillent, 85% ont suivi un cours d'allemand", constate Karl Kopp, directeur Europe de l'ONG Pro Asyl.

Il reste toutefois des défis en matière d'emploi. Selon une étude de l'Institut de recherche sur le marché du travail, un peu moins de la moitié des personnes ayant immigré en Allemagne depuis 2013 ont un emploi rémunéré, et la tendance est à la baisse en raison de la pandémie de coronavirus car de nombreux réfugiés ont été licenciés.

Après l'ouverture, le durcissement de la politique d'asile 

L'engagement citoyen, lui, est toujours présent et de nombreuses initiatives sont toujours actives, même si le nombre de demandes d'asile est en baisse depuis 2016.

Il faut dire que la politique s'est durcie… et ce, très rapidement après l'ouverture de septembre 2015. 

"Merkel a, en septembre 2015, adopté une position très humaine et fidèle à ses principes et nous l'en remercions", souligne Karl Kopp, de l'ONG Pro Asyl.

La procédure de demande d'asile a été simplifiée, mais il est plus difficile d'obtenir le statut de réfugié

La procédure de demande d'asile a été simplifiée, mais il est plus difficile d'obtenir le statut de réfugié

"Mais ce qu'on sous-estime, c'est que le gouvernement – et avec lui la 'chancelière des réfugiés' – a instauré à partir d'octobre 2015 de nombreuses mesures restrictives pour les demandeurs d'asile. Les procédures ont été accélérées, les gens doivent rester plus longtemps dans des structures d'accueil, le regroupement familial a été massivement restreint et l'accent mis sur les expulsions."

L'Allemagne a été aussi en première ligne dans la négociation d'un accord avec la Turquie sur le rapatriement des demandeurs d'asile déboutés, conclu en mars 2016, et dénoncé par la plupart des organisations humanitaires.

Angela Merkel, qui semblait prôner l'ouverture, a-t-elle été dépassée par les partisans de la ligne dure au sein du camp conservateur?

Dès le début, son allié bavarois, Horst Seehofer, critique ouvertement sa décision, brandissant notamment la menace d'un flux incontrôlé des réfugiés. 

"En 2015, il y a eu un moment très bref où on a laissé entrer les migrants mais après il y a eu tout une discussion pour savoir comment fermer les frontières, faciliter les expulsions, rendre difficile le regroupement familial", rappelle Insa Breyer. "Il y a eu un basculement de la discussion et c'est devenu tout le contraire de l'ouverture de la société. Il y avait deux côtés très opposés dans la société."

La crise a profité aux extrêmes

Des événements comme la nuit du Nouvel An 2016, où des femmes sont agressées sexuellement par des migrants à Cologne, contribuent à diviser encore plus l'opinion. Tandis que les conservateurs se déchirent, l'extrême-droite profite du climat d'incertitude et attise les peurs.

Les mouvements anti-migrant ont attisé les peurs pour gagner du terrain

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Et le parti anti-migrant AfD réussit son entrée au parlement en 2017, devenant la première force d'opposition politique. Une conséquence, selon Karl Kopp, d'un manque de principes politiques:

"Qu'est-ce que les grands partis ont gagné à reprendre les discours de l'extrême-droite et des racistes? La phrase de Merkel "Nous allons y arriver" était un principe qu'on aurait pu maintenir et décliner, parce qu'il y avait une vraie volonté au sein de la population de soutenir cette politique. Mais quand on passe son temps à adopter des lois restrictives et à alimenter la polémique, alors on perd le soutien de la société à encourager une politique d'ouverture."

Aujourd'hui encore, la société allemande est divisée sur les questions de migration. Environ 60% pensent que le pays peut encore accueillir des réfugiés, mais 40% sont persuadés du contraire.

Plusieurs communes, qui sont prêtes à accueillir des réfugiés, se heurtent à des obstacles administratifs. En attendant, des milliers de réfugiés survivent dans des conditions inhumaines sur les îles grecques ou italiennes. "Nous allons y arriver", une phrase encore bien d'actualité…

Contribution: Christoph Hasselbach

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Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30 TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.