Le premier crime de la Seconde guerre mondiale a été commis à Wieluń // Les jeunes Chypriotes veulent la réunification | PROGRAMME | DW | 04.09.2019
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PROGRAMME

Le premier crime de la Seconde guerre mondiale a été commis à Wieluń // Les jeunes Chypriotes veulent la réunification

Il y a 80 ans, l'invasion de la Pologne entraînait l'Europe, puis le monde dans la guerre. Retour sur les bombardements de Wieluń et de Dantzig considérés comme point de départ du conflit le plus meurtrier de l'Histoire. // À Chypre les négociations piétinent en vue d'une réunification de l'île.Les jeunes chypriotes grecs et turcs en ont assez d'attendre et prennent les choses en main.

C’est le bruit de ces sirènes, placées sur les bombardiers de la Luftwaffe et surnommées "trompettes de Jericho", qui réveillent le jeune Jan Tyszler au petit matin du 1er septembre 1939. Il est 4h30. Cinq minutes plus tard, une pluie de bombes s’abat sur la petite ville polonaise de Wieluń. 

Jan Tysler a alors six ans. Ce lundi 1er septembre devait être un jour de fête. Il sera celui du cauchemar.

"Ca devait être le jour de mon entrée à l’école. J’avais déjà essayé mon cartable pour voir ce que ça faisait d’être un écolier. Mais la Luftwaffe a été plus rapide. Ils ont effectué à 4h35 un ‘exercice’ – en vérité une attaque – sur la ville endormie."

À l’époque, une vingtaine de kilomètres séparent la frontière allemande de Wieluń, ville de 16.000 habitants située à un peu plus de 200km au sud-ouest de la capitale Varsovie.

1.200 civils tués en quelques heures

La ville n’a pas d’importance stratégique particulière. Pas de carrefours ni de ponts à défendre. Seule une poignée de soldats polonais y sont stationnés.

De longues heures durant, une centaine d’avions de la Luftwaffe bombardent la ville, la détruisant à 70%. 1200 civils sont tués. Dans la matinée du 1er septembre, Adolf Hitler annonce à la population allemande que l’offensive de la Wehrmacht contre la Pologne a commencé. 

"La Pologne a tiré cette nuit pour la première fois avec des soldats réguliers. Depuis 5h45, nous ripostons."

Un bel exemple de propagande nazie. Car c’est bien l‘armée du Reich qui a envahi son voisin polonais, et non le contraire. Et ce, une bonne heure plus tôt! 

L'attaque de Westerplatte

Dix minutes après le début du bombardement de Wieluń, à 4h45, les sirènes de la Wehrmacht retentissent, à 400km plus au nord. Le cuirassé allemand "Schleswig-Holstein" ouvre le feu sur un dépôt d’armes polonais sur la presqu’île de Westerplatte, dans la région de Dantzig. 

Officiellement, les nazis ripostent à l’attaque par les Polonais d’un émetteur radio, la veille, à Gleiwitz. En réalité, un commando nazi a monté cette opération de toutes pièces. 

C'est le prétexte que cherchait Adolf Hitler pour envahir la Pologne et poursuivre son expansion vers l'est.

Le 23 août, soit huit jours avant, les nazis ont conclu un pacte de non-agression avec l'URSS. Pas de menace, donc, de ce côté-là. Quant à la France et l'Angleterre, elles ne représentent pas non plus de véritable obstacle. Même si les deux pays déclarent la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre...

La Pologne envahie, puis démantelée

Après l'attaque de Westerplatte, l'armée allemande envahit la Pologne par le nord, le sud et l'ouest du pays. Ce sera ensuite le tour de l'armée soviétique le 17 septembre. Début octobre, les deux pays se partagent le territoire polonais, l'Allemagne occupe la partie occidentale et la ville de Dantzig, tandis que les Soviétiques prennent le contrôle de l'est. 

Plus tard, en 1941, l'Allemagne s'emparera de ces territoires après avoir rompu le pacte avec l'URSS. Le bilan de la Seconde guerre mondiale est lourd pour la Pologne: six millions de morts, dont trois millions de juifs. Le pays a également perdu les deux tiers de son industrie et la plupart de ses infrastructures.

L'Allemagne demande pardon aux Polonais

Dantzig et Westerplatte ont longtemps été considérés comme les lieux officiels du début de la Seconde guerre mondiale. Mais c’est à Wieluń qu’ont démarré cette année les célébrations du 80ème anniversaire. 

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier y a retrouvé son homologue Andrzej Duda pour une cérémonie, à 4h40 du matin. Il a demandé pardon aux "victimes polonaises de la tyrannie allemande". Mais il n'a pas abordé la question des réparations, réclamées par Varsovie. 

Le parti PiS au pouvoir en Pologne a pourtant relancé la question au mois d'août. 80 ans après le début de la Seconde guerre mondiale, Varsovie réclame à son voisin plus de 800 milliards d'euros de compensation pour les dommages subis. 

Mais la demande a peu de chances d'aboutir selon l'historien Peter Oliver Loew, de l'Institut allemand pour la Pologne.

"Aujourd'hui, 75 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, il est difficile d'avoir encore de telles prétentions. Tous les avis juridiques sérieux disent que la Pologne n'a pas de marge de manœuvre pour réclamer ces réparations. D'un autre côté, la guerre joue encore un rôle important au sein de la société polonaise. Le pays tout entier a été traumatisé par la guerre et les traumatismes vont jusqu'à la deuxième, troisième génération. C'est pour ça que la politique du parti au pouvoir consiste à aborder les émotions en remettant un sujet comme les réparations à l'ordre du jour. La Pologne est en campagne électorale, beaucoup de gens se laissent convaincre par de tels arguments et disent: 'hoho, l'Allemagne doit payer, l'Allemagne est responsable, nous sommes les victimes'. Mais le fait que ce soit surtout motivé par des considérations de politique intérieure et que cela ait peu de chances d'aboutir, c'est une autre histoire."

Comme d'autres historiens, Peter Oliver Loew estime qu'une compensation symbolique, sous la forme d'un mémorial, pourrait être un bon moyen de rendre hommage durablement aux victimes polonaises du nazisme. 

En attendant, tous les ans, à l'aube du 1er septembre, les sirènes retentissent à Wieluń pour marquer le premier crime de guerre de l'Allemagne nazie.  

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On parle encore de l'Histoire et de ses répercussions sur le présent dans la deuxième partie de Vu d'Allemagne... Il y a 45 ans, en juillet 1974, l’armée turque envahissait le nord de l’île de Chypre en réponse à une tentative de coup d’état des colonels grecs visant à rattacher l’île à la Grèce. 

Depuis, 33 % de ce territoire européen est toujours occupé par la Turquie et les 82 % de Chypriotes grecs sont séparés des 18 % de Chypriotes turcs par un "mur de la honte", le dernier d’Europe.

Les négociations en vue de réunifier l’île piétinent mais les jeunes n’en peuvent plus, ils prennent les choses en main. Un reportage de notre correspondant Thomas Jacobi.