Les jeunes, plus intéressés par la politique qu'on ne le croit // Les Grecs retournent aux urnes en juillet | PROGRAMME | DW | 29.05.2019
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PROGRAMME

Les jeunes, plus intéressés par la politique qu'on ne le croit // Les Grecs retournent aux urnes en juillet

L'urgence climatique a mobilisé de nombreux jeunes, notamment en Allemagne, à voter aux élections européennes. On en parle avec Claire Saillour, de l'organisation Polis180. En Grèce, Alexis Tsipras a perdu les élections et annoncé la tenue de législatives anticipées le 7 juillet.

51% de participation aux élections européennes, on n'avait pas vu ça depuis 25 ans ! En Allemagne, le taux de participation a même dépassé les 61%, un record pour des élections réputées peu mobilisantes. 

Un des principaux défis du vote était la participation des jeunes de moins de 30 ans, dont les primo-électeurs, ces jeunes qui votent pour la première fois et qui représentent entre 5 et 8% des 400 millions de citoyens européens.

Ils sont difficiles à motiver et pourtant, ils sont intéressés par la politique pour peu qu'on la leur explique. C'est ce qu'a constaté Claire Saillour, qui nous accompagne dans la première partie de ce magazine.

Pas de "moment européen"

Dans le cadre du projet "jung und wählerisch", l'organisation Polis180 a accompagné environ 500 élèves de douze établissements dans la région de Berlin.

Les jeunes manquent d'espaces de dialogue

Les jeunes manquent d'espaces de dialogue

Partout, un même constat  l'éducation civique est la grande oubliée du système éducatif allemand, et notamment dans les lycées professionnels et techniques.

"On ne  propose rien [à ces jeunes] sur l'Europe jusqu'à l'âge de voter on ne leur donne pas ce 'moment européen' où on leur dirait: voici ce que c'est que la politique, voici où est l'Allemagne, voici comment se passent les relations entre votre pays et l'Union européenne. Voilà comment se prennent les décisions", déplore Claire Saillour.

Les ateliers menés dans les écoles de la région de Berlin ont permis d'expliquer les institutions européennes, mais elles ont aussi surtout offert un rare espace de dialogue entre les jeunes, "très à l'écoute des opinions des autres" selon Claire Saillour.

"L'école n'est pas une plateforme où on parle d'idées politiques. Ils sont pourtant très demandeurs. On l'a vu au bout de cinq minutes. La discussion s'est très enflammée, au bon sens du terme, elle était aussi constructive", témoigne-t-elle. 

Les sujets qui préoccupent le plus les jeunes rencontrés à Berlin et dans le Brandebourg: le climat, mais aussi les inégalités sociales.

30% des jeunes voient l'avenir en vert

C'est le parti des Grünen, les Verts, qui a eu le plus de succès auprès des jeunes allemands : environ 30% des moins de 30 ans ont donné leur vote aux écologistes. 

Une des têtes de liste du parti vert allemand, Annalena Baerbock, à l'annonce des résultats

Une des têtes de liste du parti vert allemand, Annalena Baerbock, à l'annonce des résultats

Ces derniers mois, les préoccupations climatiques ont été au devant de la scène en Allemagne avec le passage de la jeune Greta Thunberg et le succès des manifestations de lycéens FridaysforFuture, largement relayées sur les réseaux sociaux. 

Et il y a eu aussi cette vidéo, diffusée une semaine avant les élections par un célèbre youtubeur, Rezo, appelant explicitement à ne pas voter pour les partis traditionnels: CDU/CSU d'Angela Merkel et SPD social-démocrate, en raison notamment de leur politique environnementale. Une contribution qui a entraîné un petit séisme politico-médiatique.

La vidéo a été vue onze millions de fois avant les élections et selon Claire Saillour, "elle a eu un écho particulier parce que les partis traditionnels attaqués dans cette vidéo y ont répondu et ça a permis de créer une forme de débat, hors de la bulle YouTube, hors de la bulle des partis traditionnels qui sont aussi dans une forme de bulle de perception."

Les influenceurs du web au service de la citoyenneté

Puisque les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place dans l'information des jeunes - et des moins jeunes, Claire Saillour estime qu'il faut aller chercher les citoyens là où ils se trouvent. 

La star de Youtube Rezo, connu pour ses vidéos de musiques, a changé de style pour ces élections

La star de Youtube Rezo, connu pour ses vidéos de musiques, a changé de style pour ces élections

"Nous avons rencontré des influenceurs  sur YouTube et Instagram, des gens qui font complètement autre chose mais pour qui la question politique n'est pas du tout indifférente et qui se sont engagés pour ça. Et je crois que c'est là que ça se joue, quand tout le monde, collectivement, prend la responsabilité de recréer, sur les médias dans lesquels ils sont, un espace public de discussion."

À noter que la vidéo de Rezo n'a pas fini de faire des remous. La cheffe du parti chrétien-démocrate, Annegret Kramp-Karrenbauer surnommée AKK, a critiqué la campagne de dénigrement engagée par le youtubeur et surtout le moment choisi pour la diffusion de sa vidéo, en pleine campagne électorale.

Elle a estimé que les règles de retenue en vigueur dans les médias devraient être appliquées au monde numérique... Des propos qui lui ont valu la première place dans les tendances du réseau social Twitter derrière des hashtags comme #censure et #AKKdémission.

Merci à Claire Saillour, qui a répondu à nos questions lors d'une conférence sur le résultat des élections européennes organisée par le Centre fédéral pour l'Éducation politique (Bundeszentrale für politische Bildung).

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Des élections anticipées en Grèce

Alexis Tsipras et les électeurs grecs retourneront dans l'isoloir le 7 juillet

Alexis Tsipras et les électeurs grecs retourneront dans l'isoloir le 7 juillet

Ces élections européennes ont entraîné un raz-de-marée politique dans plusieurs pays européens.

En Grèce, elles ont eu raison du gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras, qui avait pourtant tenté de regagner la confiance des électeurs en faisant adopter au Parlement, début mai, une baisse des impôts et une hausse des retraites.

Cela n'a pas suffi pour séduire les électeurs lassés de cinq ans d'austérité. Ils n'ont accordé que 24% des voix au parti Siriza d'Alexis Tsipras.

Le Premier ministre a attendu presque minuit dimanche dernier, quand son échec électoral ne faisait plus de doute, pour annoncer à la surprise générale la tenue d'élections législatives anticipées pour le 7 juillet.

"Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre" a-t-il déclaré le lendemain devant son parti.

Une bataille ouvertement lancée contre la droite qui radicalise le pays et confirme le retour du bi-partisme en Grèce.

Depuis Athènes, le récit de notre correspondant Thomas Jacobi.