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Mali : le Haut conseil islamique en appelle aux forces vives

Mahamadou Kane
19 décembre 2022

Au Mali, Chérif Ousmane Madani Haïdara, le président du haut conseil islamique lance un appel au rassemblement à l'endroit des "forces vives de la nation" pour stabiliser le pays.

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Archive: des hommes rassemblées, en juillet 2020, devant la mosquée de Badalabougou, à Bamako, où prêchait l'imam Dicko
En 2020, le gouvernement d'IB avait été renversé suite à l'appel lancé par l'imam Dicko, de la mosquée de BadalabougouImage : Michele Cattani/AFP/Getty Images

Au Mali, Chérif Ousmane Madani Haïadara, le président du Haut Conseil islamique lance un appel au rassemblement à l'endroit des forces vives de la nation. Il s'agit pour cet influent leader religieux du pays de converger les idées pour une sortie de crise. Ce dernier estime ainsi qu'il y a urgence et que seule une synergie d'actions pourrait favoriser la stabilisation de la situation au Mali.

Sécuriser les personnes et les biens

Sa parole est rare sur la scène politique. Chérif Ousmane Madani Haïdara est plutôt un adepte des grands rassemblements religieux qui drainent chaque année des centaines de milliers de fidèles dans le plus grand stade de Bamako.  

Mais celui-ci semble prendre les choses en main en sonnant la mobilisation, pour dit-il, sauver la patrie : 

"Actuellement, les temps sont durs au Mali, a ainsi déclaré Chérif Ousmane Madani Haïdara. Nous avons des difficultés à différents niveaux. D'abord sur le plan de la sécurité alimentaire mais aussi de la sécurité des personnes et de leurs biens. En tant que musulmans, je crois que ce sont les invocations qui peuvent nous sauver. La situation est assez compliquée dans le pays. Nous lançons à cet effet un appel aux organisations de la société civile, aux leaders religieux ainsi qu'à nos acteurs de la classe politique afin qu'on se rassemble pour proposer des pistes de solutions aux maux qui minent notre pays. Il est un devoir pour nous de nous rassembler pour sortir notre pays de cette impasse.'' 

Parler sans tabou de la crise

Cet appel au rassemblement reçoit les faveurs de Abdina Karembé du parti ASMA CFP, le parti de l'ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga.  

Ce dernier se démarque au passage de l'appel à la mobilisation des forces du changement lancé un peu plus tôt début décembre par le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga

"Je crois qu'il y a fort longtemps, notre parti, l'ASMA CFP, avait souhaité qu'il ait un rassemblement de toutes les forces vives de la nation, les partis politiques, les syndicats, la société civile pour qu'on discute sans tabou de l'état de la nation. Mais nous n'étions pas partie prenante pour des rassemblements de façade. Il s'agit d'un véritable rassemblement ou les uns et les autres vont faire des propositions concrètes de sortie de crise. Parce que la transition a pour vocation d'être neutre, indépendante.''  

Des soldats maliens à l'entraînement (archive de 2004)
Le centre du Mali est toujours marqué par la présence de groupes armés que combattent notamment les soldats des FaMaImage : Ben Curtis/picture alliance/AP Photo

Méfiance du M5 Rfp

Mais Alkamiss Cissé, secrétaire général du bureau national de l'URD, le parti de Soumaila Cissé et membre du M5 Rfp, un proche du pouvoir, dit se méfier de ces appels au rassemblement venant du cercle religieux malien : 

"Il est toujours important de lancer un appel pour se regrouper autour des questions du pays. Pourvu qu'il n'y ait pas des idées derrière cette question-là. Parce que ce n'est ni la première fois, encore moins la deuxième fois que le Haut conseil islamique lance des appels. Mais à chaque fois que les actions sont réalisées, nous sentons une trahison autour de ces rassemblements. Je crois que c'est plutôt la classe politique qui doit se retrouver pour discuter des questions concernant les préparatifs des élections qui pointent à l'horizon. Je ne crois pas qu'il faudrait laisser le leadership de ces rassemblements au milieu religieux. Je ne crois pas que ce soit la solution.'' 

L'appel de Chérif Ousmane Madani Haïadara survient dans un contexte ou de plus en plus de voix s'élèvent dans le pays pour dénoncer la cherté de la vie et l'augmentation du train de vie de l'Etat.