Sophie Scholl, résistante et instagrameuse // Les femmes afghanes craignent le retour des talibans | PROGRAMME | DW | 19.05.2021
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PROGRAMME

Sophie Scholl, résistante et instagrameuse // Les femmes afghanes craignent le retour des talibans

Elle aurait eu cent ans le 9 mai 2021... Un compte Instagram redonne vie à la jeune résistante allemande Sophie Scholl, exécutée par les nazis en 1943 pour sa participation au groupe "La Rose blanche". // En Afghanistan, le retrait des forces internationales fait craindre une reprise du pouvoir par les talibans et un retour de lois archaïques envers les femmes et les jeunes filles.

En ce mois de mai 1942, Sophie Scholl vient d'arriver à Munich pour étudier la biologie et la philosophie. Pour ses 21 ans, le 9 mai, son frère Hans lui a organisé une fête surprise avec quelques amis étudiants… Un événement que Sophie partage en direct sur son compte Instagram avec une story tournée en mode selfie.

Hans et Sophie Scholl travaillant à la rédaction d'un tract avec Alexander Schmorell, une scène à découvrir bientôt sur le compte Instagram @ichbinsophiescholl

Hans et Sophie Scholl travaillant à la rédaction d'un tract avec Alexander Schmorell, une scène à découvrir bientôt sur le compte Instagram @ichbinsophiescholl

Instagram ? En 1942 ? Ce sont les chaînes publiques allemandes SWR et BR qui ont reconstitué les dix derniers mois de Sophie Scholl, jeune résistante allemande entrée dans l'Histoire pour avoir fait partie du groupe "Die Weiße Rose", en français "La Rose blanche".

Deux semaines après son lancement, le compte Instagram @ichbinsophiescholl ("je suis Sophie Scholl") dépassera bientôt le million d'abonnés. 

Sophie Scholl, tout comme son frère Hans et le groupe de la Rose blanche, sont des symboles en Allemagne.

En compagnie de l'historien Guilhem Zumbau-Tomasi, Vu d'Allemagne revient cette semaine sur l'action de ce groupe, sur les raisons qui ont fait qu'il est entré dans l'Histoire très rapidement après la Seconde Guerre mondiale, mais aussi sur l'inspiration que peuvent représenter ces jeunes résistants pour la jeunesse d'aujourd'hui.

"Sophie Scholl a été élevée dans une famille très protestante, dans le sud de l'Allemagne… Elle était très influencée par les choses qui se passaient autour d'elle mais n'avait pas de conscience politique avant d'entrer dans la résistance. Elle était intéressée par la musique et par les soirées où elle rencontrait des jeunes gens de son âge", raconte l'historien à propos de la personnalité de la jeune femme.

De la prise de conscience à l'engagement 

"Je n'avais pas imaginé les choses comme ça", confie la jeune fille à son smartphone, à la sortie d'un cours de biologie, le 11 mai 1942. "Agitation et propagande au lieu de la science. Personne n'ose protester, même quand les professeurs disent n'importe quoi. La race aryenne serait génétiquement supérieure aux autres? Les raisons sont tellement absurdes et inhumaines. Je peux à peine écouter. 'Les cheveux blonds reflètent le soleil'. N'importe quoi! On dit qu'un crâne long laisse plus de place au cerveau. Je n'ai pas le crâne long, et je ne connais personne qui en ait un. Ah si. Les ânes."

L'idéologie raciste du régime nazi n'est pas compatible avec les valeurs chrétiennes dans lesquelles Sophie a été élevée. Mais la déception est plus ancienne. Quand les nazis arrivent au pouvoir en 1933, Hans et Sophie Scholl ont respectivement 14 et 12 ans. Et ils s'engagent avec passion dans les mouvements de jeunesse nazis: les Jeunesses hitlériennes pour Hans, et la Ligue des jeunes filles allemandes pour Sophie… Mais l'enthousiasme des débuts laisse bientôt la place à la désillusion.

"Au départ, elle se sentait utile. Elle commence à avoir des doutes lorsqu'elle effectue son service social obligatoire", explique Guilhem Zumbaum-Tomasi. "Elle a vu la façon dont les gens étaient traités, comme ils étaient forcés de travailler, et elle a eu de la peine."

Pour son frère Hans et ses camarades, c'est l'enrôlement militaire qui marque une expérience décisive pour l'entrée en résistance et la fondation du mouvement de la Rose blanche.

Inspiration pour la jeunesse d'aujourd'hui

Photos d'archive de Hans et Sophie Scholl

Voilà à quoi ressemblaient Hans et Sophie Scholl "en vrai"

Le groupe de la Rose blanche est à l'origine de six tracts anti-régime. Même si les historiens n'ont pas pu déterminer la portée réelle des tracts, les membres du groupe sont entrés dans l'Histoire très rapidement après la guerre.

Dans les années 1960, la sœur de Hans et Sophie Scholl, Ingrid Scholl Eichinger, va fortement contribuer à la perpétuation de la mémoire du groupe de la Rose blanche.

Aujourd'hui, plus de 200 établissements, mais aussi des rues et des places, portent le nom de Hans et Sophie Scholl, et un prix littéraire récompense depuis 1980 des livres qui témoignent de l'indépendance intellectuelle et font la promotion de la "liberté civique, du courage moral, intellectuel et esthétique".

Hans et Sophie Scholl ont une fonction de symbole, mais aussi de mise en garde, estime l'historien Guilhem Zumbaum-Tomasi.

"Pour moi c'est toujours le symbole pour les jeunes de dire : si vous remarquez toute forme de politique contre les valeurs humaines, il ne faut pas trop attendre avant de choisir son camp. Aujourd'hui, tout le monde peut manifester contre les nazis, mais qu'est-ce qu'on fait avec le racisme, l'antisémitisme quotidien? Si on le remarque autour de soi, c'est là qu'il faut commencer à résister."

L'historien est assez critique du projet Sophie Scholl sur Instagram, mais il y voit un intérêt pédagogique pour la jeunesse d'aujourd'hui.

"Pour les jeunes c'est bien de voir qu'une personne normale peut aller jusqu'à ses extrêmes, résister. Mais est-ce que c'est un atout pour expliquer l'histoire, là j'ai des doutes..."

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Les femmes d'Afghanistan ne veulent des talibans

Anisa Shaheed, célèbre journaliste de la chaîne afghane Tolonews, est régulièrement menacée de mort

Anisa Shaheed, célèbre journaliste de la chaîne afghane Tolonews, est régulièrement menacée de mort

Alors que les soldats américains et de l'OTAN – Allemands y compris – s'apprêtent à quitter l'Afghanistan, les Afghans continuent de vivre sous la menace permanente d'attentats.

Ces attentats, perpétrés par les talibans et des membres de l'organisation EI, ciblent principalement des femmes afghanes. Plusieurs femmes journalistes ont été tuées depuis le début de l'année et tout récemment, un attentat à l'entrée d'une école pour filles à Kaboul a fait plus de 90 morts et 150 blessés.

Les talibans contrôlent toujours environ 40% du territoire afghan et continuent d'assassiner et de menacer les femmes actives. Un reportage de Mortaza Behboudi à Kaboul.

 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.

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