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"Le droit à l'éducation est un droit fondamental" (Unicef)

11 janvier 2023

Interview avec Macoura Oulare, de l'Unicef, sur la pauvreté infantile et les droits des enfants en Afrique.

https://p.dw.com/p/4Ly2O

En 2021, au moins cinq millions d’enfants dans le monde sont morts avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans, selon des chiffres publiés hier (10 janvier 2023) par les Nations unies dans deux rapports.

Parmi ces enfants, près de la moitié, soit 2,3 millions, sont décédés avant même d’avoir atteint leur premier mois et 1,4 million avant l’âge d’un an.

Les maladies, la malnutrition ou encore le manque d’accès aux soins provoquent ces décès. Et en Afrique, les conflits et les sécheresses dues aux changements climatiques sont des facteurs qui aggravent la situation, estime Macoura Oulare, conseillère principale Sahel et responsable de programme pour le Bureau régional de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Elle répond aux questions de Kossivi Tiassou…

 

DW : Madame Makura, vous jugez la situation de beaucoup d'enfants sur le continent très critique. Comment se présente-t-elle alors?

Il y a beaucoup d'indicateurs qui se sont améliorés grâce aux efforts conjoints. Cependant, le taux de pauvreté chez les enfants est encore très élevé. On a beaucoup  d'enfants qui vivent dans des ménages à revenus très limités et les indicateurs ne sont pas au niveau. En plus de ça, il y a d'autres facteurs, d'autres crises qui ont fait surface et qui ont compliqué la situation, qui constituent des défis pour les enfants : il y a les différentes crises humanitaires qu'on a en Afrique de l'Ouest et du Centre - la RDC, la République centrafricaine, la crise du Sahel qui touche vraiment un certain nombre de pays. Le Sahel, ici, c'est dix pays et on a trois pays qui constituent ce qu'on appelle le Sahel central : le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Et maintenant, il y a ce qu'on appelle l'effet de débordement de la crise du Sahel qui est en train d'aller sur cinq pays côtiers. Sans oublier le changement climatique, en train d'apporter un défi additionnel pour les droits des enfants dans la région.

En plus de tout cela, il y a beaucoup d'enfants qui n'ont pas accès aux services plus de 10 millions d'enfants. On est en train de parler de tout ça.

DW : Dix millions d'enfants qui n'ont pas accès aux produits de première nécessité, qui n'ont pas accès à l'éducation….

… Ni à l'eau, à la santé, aux services de santé. Ils n'ont pas accès aux différents services importants de protection de leurs droits, des enfants qui sont recrutés par les groupes armés non étatiques par exemple. Il y a des filles qui sont abusées sexuellement et ce qui fait qu'actuellement toutes ces crises-là font que les enfants sont les plus vulnérables.

DW : Quels exemples pouvez-vous citer de situation alarmante?

Le premier cas, par exemple, c'est qu'on a à peu près un million d'enfants aujourd'hui dans le Sahel qui souffrent de malnutrition aiguë sévère. Et quand c’est sévère, si les actions ne sont pas prises immédiatement, l'enfant est tout près de mourir. Ça, c'est un million d'enfants, c'est beaucoup. Deuxièmement, nous avons aujourd'hui dans la région ça, ça va au-delà du Sahel, en Afrique de l'Ouest et du centre. Nous sommes en train de parler de 57 millions d'enfants qui ne sont plus dans le système scolaire, les enfants âgés de six à 18 ans.

DW : Il y a l'insécurité, aussi, qui empêche des écoles de rouvrir, mais elle empêche aussi à ce que l'aide humanitaire arrive aux enfants.

Si nous prenons les 57 millions d'enfants de toute la région de l'Afrique de l'Ouest et du centre (Pour le Sahel, il y a à peu près douze millions d'enfants, surtout au Sahel central et le Cameroun,) à cause de l'impact des attaques des groupes armés non étatiques qui attaquent les écoles mais aussi puisque les enfants ont peur d'aller à l'école, les parents ont peur de laisser aller à l'école leurs enfants et les enseignants ont quitté les lieux puisqu'ils se sentent en insécurité.

Ça, c'est un droit fondamental. L'accès à l'éducation fait partie des droits fondamentaux des enfants. Et encore un autre droit qui est violé, c'est qu'on a aujourd'hui, si nous prenons cinq pays du Sahel, les plus touchés, on a à peu près 74 millions qui sont en situation de vulnérabilité liée à l'eau. Et comme je l'ai dit, les enfants qui ne sont pas à l'école sont exposés aux viols, aux violences sexuelles, aux abus sexuels, aux mariages précoces, ce qui n'est vraiment pas approprié pour les enfants.

DW : Mais que faire si, à cause de l'insécurité, l'aide humanitaire ne peut pas atteindre ces enfants?

Je pense qu'il y a des opportunités, surtout si nous prenons les pays du Sahel. Nous disons d'abord que cette population est très jeune. On a plus de 175 millions de jeunes d'adolescents dans cette région qu'on peut mettre à contribution pour pouvoir renverser cette tendance. C'est une grande opportunité qu'on a et une population très jeune qu'on peut utiliser.

Donc on peut utiliser les jeunes comme agent de changement pour cette région. Deuxièmement, si nous prenons le Sahel spécifiquement, on a de l'énergie solaire renouvelable dans lequel les partenaires, tous les partenaires peuvent s'investir, puisque l'Unicef ne peut pas faire tout toute seule, mais avec les gouvernements, les partenaires, les communautés, s'ils sont accompagnés, on peut transformer cette énergie renouvelable en ressource potentielle pour amener ces enfants à l'école et créer des opportunités d'emploi pour le développement de leur communauté pour qu'ils ne reviennent plus dans les groupes armés non-äétatiques.