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HistoireRussie

Il y a 80 ans, la bataille de Stalingrad

Marco Wolter | Avec agences
2 février 2023

C'était l'une des batailles les plus sanglantes de l’histoire. 80 ans après, le Kremlin se sert du passé pour légitimer l’invasion de l’Ukraine.

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Des personnes prennnent en photo le buste de Staline inauguré ce mercredi à Volgograd
Joseph Staline a dirigé le pays d'une main de fer en éliminant toute voix dissonnanteImage : Pavel Bednyakov/Sputnik/SNA/IMAGO

Ce 2 février marque le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad. C’est dans cette ville russe située sur les rives de la Volga, depuis rebaptisée Volgograd, que l’armée rouge a défait les soldats allemands en 1943, lors d’un affrontement qui a duré six mois et fait près de deux millions de morts. 

Cette bataille a été l’un des événements décisifs dans la défaite du IIIe Reich d’Adolf Hitler. Aujourd’hui, embourbé dans la guerre en Ukraine, la machine à propagande russe ne cesse d’instrumentaliser la Seconde Guerre mondiale pour légitimer l’invasion de son voisin.   

Dénazifier l’Ukraine 

Plusieurs fois par an, pour rendre hommage à ses héros de guerre, Volgograd redevient Stalingrad. Le temps de 24 heures, les autorités changent alors les panneaux à l’entrée de la ville.  

Cette-fois, pour marquer le coup, la signalétique a même été remplacée quelques jours avant les commémorations du 80e anniversaire de la bataille. Car en pleine guerre en Ukraine, la portée de cet anniversaire va bien au-delà des cérémonies décennales.  

Vladimir Poutine instrumentalise ainsi le passé pour légitimer l'invasion de l'armée russe. Selon la propagande russe, comme à Stalingrad, Moscou continuerait à se battre contre le fascisme : cette fois il faut "dénazifier l’Ukraine", soutenue par l’Occident qualifié de satanique.  

Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse à Minsk
Vladimir Poutine joue sur la nostalgie de nombreux Russes qui regrettent la disparition de l'Union soviétique Image : Pavel Bednyakov/Kremlin/REUTERS

"4è Reich"

A la télévision russe, le propagandiste en chef du Kremlin traite ainsi l’Allemagne de "4e Reich", et la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, de "Miss Ribbentrop", du nom de l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Adolf Hitler, oubliant au passage qu'il s'agit de l’homme qui avait négocié, en 1939, le pacte germano-soviétique qui allait déboucher sur le partage de la Pologne et déclencher la Seconde Guerre mondiale. 

La bataille de Stalingrad a coûté la vie à près d’un demi-million de combattants russes. Aujourd’hui encore, on retrouve chaque année dans les environs de la ville des centaines de restes de soldats tombés au combat.  

Pour le Kremlin, les hommes qui se battent désormais en Ukraine sont les héritiers de cette lutte contre le fascisme.  

Réécrire l’histoire

Le musée de la bataille de Stalingrad accueille ainsi les cérémonies de remise des décorations pour les familles des soldats morts en Ukraine.  

Réécrire l’histoire, c’est l’essence de la propagande russe. Quitte à glorifier Joseph Staline, dont un buste a été inauguré à Volgograd, alors que les monuments de l'ancien dictateur qui a dirigé un régime de terreur sont rares en Russie.  

Enfin, pour Vladimir Poutine, l’Union soviétique a vaincu seule l’Allemagne nazie. Le rôle des alliés est passé sous silence, isolant la Russie d’autant plus dans son rôle de sauveur. 

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais