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Procès Bujakera en RDC : l’accusation démontée

Wendy Bashi
27 novembre 2023

L'accusation de la justice congolaise contre le reporter Stanis Bujakera ne tient pas, selon un consortium de journalistes.

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RD Congo : Manifestation pour la libération de Stanis Bujakera à Kinshasa (photo d'illustration)
Depuis l'arrestation du reporter Stanis Bujareka, les appels se sont multipliés pour obtenir sa libération (photo d'illustration)Image : Paul Lorgerie/DW

En RDCStanis Bujakera est poursuivi pour un article publié par Jeune Afrique, non signé du journaliste, basé sur un document présenté comme une note des services de renseignements civils, mettant en cause les renseignements militaires dans l'assassinat de l'opposant Chérubin Okende. Dans une enquête qui paraît ce 27 novembre, les médias qui ont interrogé Telegram et Meta qui sont formels dans leurs réponses : ce document n’a pas pu être envoyé depuis le téléphone portable de Stanis Bujakera. 

Actualité.cd et Jeune Afrique ont eu accès au dossier de l'accusation qui se base notamment sur une expertise technique d'un commissaire de la police congolaise.

Ce dernier assure avoir établi par une analyse numérique des métadonnées de l'image que Stanis Bujakera avait reçu ce document et qu'il a été le premier à le diffuser sur Telegram et sur un groupe WhatsApp.

Un message crypté reste crypté

Cependant, un porte-parole de WhatsApp précise qu’"il n'est pas possible de retrouver l'expéditeur initial d'un message sur WhatsApp. Cela briserait le cryptage de bout en bout."

" Il est aussi possible de procéder à des manipulations pour attribuer une adresse IP" (Qemal Affagnon)

Patient Ligodi, PDG de l'entreprise Next Corp, propriétaire du site Actualité.cd, revient sur les échanges qu’il a eu avec Meta et Telegram.

"Puisque Telegram a été cité par l'accusation, nous l'avons contacté et sa réponse est sans appel. Telegram a été spécialement conçu pour protéger des personnes qui protestent ou s'expriment sous des régimes autoritaires. Nous avons également contacté Meta qui est la maison mère de WhatsApp. Meta nous dit que WhatsApp ne peut produire ou reproduire les messages de ses utilisateurs en réponse aux demandes d'un gouvernement."

Qemal Affagnon, directeur Afrique de l'Ouest d'Internet sans frontières, précise qu'il est facile d'obtenir une adresse IP. Cependant, il met en garde contre les manipulations qui peuvent résulter de son usage.

"Il est aussi possible de procéder à des manipulations pour attribuer une adresse IP. On peut par exemple créer un code et y intégrer une image, on l’envoie à un destinataire, une fois que ce dernier reçoit l’image et qu’il l’ouvre, son adresse IP est encodée dans le fichier et à travers une manipulation, on lui en attribue la paternité "

Respect de la protection des données

Qemal Affagnon rappelle également que, tout comme dans le monde physique, les citoyens, en l’occurrence les internautes ont des droits.

Parmi ces droits on compte le droit au respect de la vie privée, le droit d’accès à l’information, à la liberté d’expression, le droit à la sécurité et le droit à la protection des données.

"On sait également que depuis quelque temps, de nombreux Etats y compris des Etats africains, sollicitent des informations auprès des géants du numérique, rappelle Qemal Affagnon. On sait par exemple, à travers un récent rapport dirigé par Surfshark research hub, que des sociétés comme Apple, Google, Meta, Microsoft fournissent régulièrement des informations et répondent régulièrement à des requêtes d’Etat concernant leurs citoyens pour accéder à des informations sur les réseaux sociaux et parmi ces Etats on retrouve de nombreux Etats africains qui sont sur la liste."

Stanis Bujakeraest accusé d'avoir contrefait un sceau de l'Etat, de faux et d'usage de faux, d'avoir répandu de faux bruits et d'avoir transmis des messages erronés et contraires à la loi. Il risque dix ans de prison.