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La CDU fait un pas vers la parité // Au Portugal, le poisson coûte déjà trop cher

Vu d'Allemagne
14 septembre 2022

La CDU a adopté un quota de femmes pour ses instances dirigeantes et les élections, avec un objectif de parité pour 2025. Décryptage avec Cécile Weidhofer, de l'EAF. // Au Portugal, l'inflation commence à inquiéter la filière pêche et les consommateurs de poissons.

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559 voix pour, 409 contre, 11 absentions... Après presque deux heures de débat lors du 35ème congrès fédéral de la CDU, le week-end dernier à Hanovre, le directeur parlementaire du parti, Thorsten Frei, a eu l'air soulagé à l'annonce des résultats du vote sur l'instauration d'un quota de femmes. 

C'est une première dans l'histoire du parti conservateur allemand, qui est passé à l'opposition depuis les dernières législatives et la formation d'une coalition entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux... 

La CDU a tenu son 35ème congrès à Hanovre les 9 et 10 septembre
La CDU a tenu son 35ème congrès à Hanovre les 9 et 10 septembreImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Une étape historique, mais...

Une première que salue Cécile Weidhofer. Elle est chargée du département politique à l'Académie européenne pour les femmes en politique et dans l'économie (EAF), et elle dirige aussi le réseau Helene Weber, le seul réseau multipartite pour les élues locales en Allemagne.

"C'est une étape historique, dans la mesure où cela fait de longues années que les femmes du parti comme Rita Süssmuth, cherchaient à avoir plus de mesures pour promouvoir les femmes en politique. Certes, il y avait Angela Merkel à la tête du parti, mais cela n'a pas suffi à instaurer des quotas. Là, la nouveauté c'est que dès 2023, dans les instances dirigeantes du parti au niveau du département (Kreis), au moins 30% des postes devront aller aux femmes et ce qui est intéressant, c'est que si au bout d'un premier vote on ne trouve pas suffisamment de femmes, il y a un deuxième tour, mais si après le deuxième tour on n'a toujours pas de femmes, le poste reste vacant. Donc c'est un signal au niveau du parti."

Cécile Bonnet-Weidhofer
Cécile Weidhofer, ancienne élue du FDP, aujourd'hui chargée du département politique à l'EAFImage : Jens Büttner/ZB/picture alliance

Le quota de 30% est valable à partir de 2023, il passera à 40% en 2024, jusqu'à atteindre la parité en 2025. 

La même règlementation est prévue pour les listes électorales: les femmes devront occuper 30%, puis 40 et 50% des dix premières places sur les listes des élections générales, régionales et européennes. 

Il faut toutefois relativiser ce progrès, selon Cécile Weidhofer, et cela est lié au système électoral. Aux élections législatives, par exemple, chaque électeur dispose de deux voix: une pour élire une liste et l'autre pour élire un candidat direct de sa circonscription - généralement la tête de liste... Or les quotas ne s'appliquent pas aux têtes de liste.  

"Pour la CDU, la représentation sur les listes électorales n'est pas si tentante pour les femmes, car notamment au niveau du Bundestag, la CDU en général gagne ses mandats non pas par la liste, mais en gagnant la circonscription directement. Or ce quota n'infuence pas la liste au niveau des circonscriptions. C'était le cas de la CSU aux dernières élections du Bundestag qui était très fière de montrer des listes paritaires, mais où aucune femme n'est entrée au parlement par la liste."

La parité de façade est une pratique également courante dans d'autres partis comme le SPD social-démocrate, qui affiche pourtant 40% de femmes sur ses listes, tandis que chez les Verts, elle est inscrite dans les statuts et pratiquée strictement depuis des décennies.  

La représentation des femmes dans le précédent Bundestag
La représentation des femmes dans le précédent Bundestag

Les jeunes femmes de la CDU contre le quota

Malgré ses limites, l'instauration de quotas représente une avancée pour la CDU qui disposait depuis 1994 d'un mécanisme non contraignant pour la participation des femmes aux instances du parti. 

Mais à Hanovre, les débats ont été encore vifs avant l'adoption de la résolution. Une trentaine de délégués - la plupart des femmes - se sont succédés à la tribune, tantôt pour défendre, tantôt pour dénoncer l'instauration de quotas. 

Certaines craignent par exemple être réduites à des "femmes quota", choisies parce qu'elles sont femmes et non pour leurs compétences. C'est le cas de Franziska Dezember, de la section régionale de la CDU à Berlin. Etudiante et mère de deux enfants, elle a fait campagne contre la mesure :

"Les quotas sont l'expression d'une politique d'égalité et d'identité et ils n'aident en aucun cas à concilier famille et engagement politique. (...) Nous ne convainquons pas les femmes par des quotas, les femmes ne votent pas pour nous à cause des quotas et les femmes ne s'engagent pas chez nous à cause des quotas."

En face, la députée du Bade-Wurtemberg Annette Wiedmann-Mauz a souligné l'état actuel de la représentation des femmes dans la CDU en l'absence de quotas :

"En réalité nous devrions être plus loin. La majorité de nos groupes parlementaires régionaux compte moins de femmes qu'il y a 20 ans. La situation est encore pire dans les postes de direction. Aucune femme de la CDU ne dirige de Land. Seule une section locale sur dix est dirigée par une femme et la situation n'est pas meilleure dans les mairies. (..) Voulons-nous sérieusement continuer à ce rythme ? Voulons-nous attendre encore 80 ans pour voir autant de femmes que d'hommes siéger pour nous dans les parlements, ou pas moins de 240 ans pour que la composition de nos adhérents reflète la société ?"

Annette Widmann-Mauz a défendu l'instauration de quotas féminins face aux jeunes déléguées qui ne veulent pas être réduites à des quotas
Annette Widmann-Mauz a défendu l'instauration de quotas féminins face aux jeunes déléguées qui ne veulent pas être réduites à des quotasImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Moderniser le parti, une nécessité pour la CDU

Au terme du débat, la vice-présidente du parti Karin Prien a résumé l'enjeu de l'adoption des quotas pour la CDU.

"Il s'agit de savoir si l'Union est prête pour l'avenir et si nous assumerons à nouveau des responsabilités gouvernementales en 2025. Nous le ferons si nous continuons à moderniser notre parti. La modernisation implique également de vivre naturellement la parité au sein de notre parti, dans l'ensemble de nos membres, dans les postes de direction et dans les mandats. (...) Ce que nous devons faire aujourd'hui, c'est affirmer clairement que nous voulons le point de vue des femmes, l'expertise des femmes dans notre parti et que nous utilisons des instruments qui se sont avérés efficaces dans les autres partis."

Cécile Weidhofer, de l'Académie européenne pour les femmes en politique et dans l'économie, souligne que l'efficacité des quotas est confirmée dans les faits. Le parti écologiste compte aujourd'hui 41% de membres féminins, bien plus que les autres partis. Et la parité est respectée jusqu'à la direction qui est représentée par un duo homme-femme.

"Les personnes qui sont pour les quotas n'ont jamais dit que ce serait la solution unique à tous les problèmes, évidemment qu'il faut des aménagements, des mentorats. Mais on a cela depuis des années en Allemagne et on en arrive toujours à des chiffres extrêmement bas: au Bundestag on a un peu plus de 30% de femmes [35% depuis les dernières élections, ndlr], au niveau régional pareil, plus on descend au niveau local et moins il y a de femmes dans les conseils municipaux. Il y a seulement 9% de femmes maires en Allemagne ! Donc il faut se dire que si on n'y arrive pas sans quota, essayons."

Essayons, c'est ce que se sont aussi dit les délégués de la CDU qui ont adopté la mesure de manière temporaire, jusqu'en 2029. Une approche pragmatique guidée par des objectifs à court terme : le parti conservateur, qui avait enregistré son plus mauvais score aux élections de septembre 2021, est repassé premier dans les sondages, devant les partis de la coalition. Alors avant de tenter de revenir au pouvoir en 2025, la CDU compte bien remporter quelques régions, la prochaine sur la liste étant le Land de Basse-Saxe, qui vote le 9 octobre.

Un pas dans la bonne direction ? La CDU a maintenant une secrétaire générale, Christina Stump
Un pas dans la bonne direction ? La CDU a maintenant une secrétaire générale, Christina StumpImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

A noter enfin que dans le paysage politique allemand, il ne reste plus que le FDP libéral et l'AfD d'extrême droite qui n'ont aucune réglementation interne pour promouvoir l'engagement de femmes. Cécile Weidhofer, qui est aussi une ancienne élue du parti libéral, espère que l'étape franchie par la CDU incitera le FDP à faire de même.

→ Si le sujet de la représentation des femmes en politique vous intéresse, vous pouvez aussi consulter les articles suivants :

Assemblée nationale au Sénégal : un nombre record de femmes

En Guinée, les femmes veulent être dans la transition

RDC : Des femmes si mal représentées en politique

Le Rwanda, un paradis pour les femmes ?

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Le poisson victime de l'inflation au Portugal

Vendeuses de poisson du marché de Costa Nova, Portugal
Les vendeuses de poisson du marché de Costa Nova s'inquiètent de voir les consommateurs bouder leur marchandiseImage : Marie-line Darcy/DW

Les Portugais consomment 60 kilos de poissons par an et par personne. Cela fait d’eux les premiers consommateurs en Europe, et les troisièmes au monde. Poissons coquillages et crustacés ne manquent jamais sur les tables.

Mais depuis la guerre en Ukraine, le prix de cette denrée s’envole. C’est entre 11 et 23 % plus cher selon les espèces qu’avant le début du conflit. Aujourd’hui l’inflation dépasse les 9 % , après un léger tassement en août, les spécialistes misent sur une reprise de l’inflation d’ici la fin de l’année. La filière pêche est préoccupée, les consommateurs aussi. 

Un reportage de Marie-line Darcy à écouter en deuxième partie de Vu d'Allemagne !

 

Vu d’Allemagne est un magazine radio hebdomadaire, proposé par Hugo Flotat-Talon et Anne Le Touzé, diffusé le mercredi et le dimanche à 17h30TU, et disponible aussi en podcast. Vous retrouvez tous les numéros dans la médiathèque, à écouter en ligne ou à télécharger en format MP3. Le podcast est également disponible sur certaines plateformes de podcasts.

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