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Les activités des partis politiques suspendues au Mali

La rédaction francophone
11 avril 2024

Pour la junte militaire qui a pris cette décision, les actions de subversion des partis politiques et de leurs alliés ne font que se multiplier.

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Le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, le 31 juillet 2023 sur la télévision nationale
Les mesures restrictives se sont multipliées ces dernières semaines au MaliImage : ORTM/AP/dpa/picture alliance

La décision a été prise mercredi, (10.04.2024), lors du Conseil des ministres. Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’administration territoriale et porte-parole du gouvernement, a justifié cette mesure par la lutte contre le terrorisme qui ne peut être entravée par, je cite "des débats politiques stériles". 

Le débat autour de la fin de la transition militaire, le 26 mars dernier, avait donné lieu à des déclarations de près d’une centaine de partis politiques et des organisations de la société civile, appelant à l’instauration d’une transition civile d’ici la fin de l’année 2024. 

Ces organisations avaient mis en place un comité de suivi en vue d’une meilleure coordination de leurs activités, qui devait débuter avec la fin du mois de ramadan. 

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga le 30 juin 2021 devant le parlement de transition
La transition malienne devait prendre fin officiellement le 26 mars 2024Image : Mahamadou Kane/DW

La lutte contre le terrorisme 

Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’administration territoriale et porte-parole du gouvernement, a pris les devants en évoquant, dès le lendemain de la fête de l’Aïd, des arguments sécuritaires pour couvrir la mesure de suspension des partis politiques :

"La prise de Kidal et d’autres localités ne signifie pas la fin du terrorisme. Le terrorisme est une menace asymétrique. Bien entendu, nos ennemis et nos adversaires qui sont en face, s’adaptent et commencent à avoir un nouveau mode opératoire. Dans cette circonstance, on ne peut pas accepter que des débats politiques stériles nous ramènent d’où nous venons. C'est-à-dire dans une situation très compliquée. Nous sommes obligés d’aller de l’avant. C’est vrai que quelque part, un des objectifs du dialogue inter-malien est de recoudre le tissu social qui a été fortement ébranlé". 

L'ancien Premier ministre Moussa Mara le 21 janvier 2022 aux obseques nationales d'Ibrahim Boubacar Keita
Les partis politiques sont accusés de "subversion"Image : Nicolas Remene/Le Pictorium/dpa/picture alliance

"Ça nous inquiète"

La plupart des associations maliennes estiment avoir été surprises par cette décision. C’est le cas de la plateforme Benberé Mali. Le responsable de cette institution qui regroupe des jeunes blogueurs, présage de lendemains incertains.  

"Ça nous inquiète en tant que représentant des associations qui mènent des activités. Parce qu’on se dit qu’après les partis politiques, ce sera le tour de nos associations. Du coup, nous sommes inquiets et ça marque un recul de la liberté d’expression et d’association. Vous savez qu’on vient de promulguer une nouvelle Constitution en juin 2023. Et dans cette Constitution, les autorités ont repris avec vigueur l’attachement du Mali aux valeurs républicaines. Nous estimons donc que les autorités doivent revenir sur leur décision", estime le responsable de Benberé Mali.

Ce jeudi, la Haute autorité de la communication a par ailleurs invité tous les médias à cesser toute diffusion et publication sur les activités des partis politiques et les activités politiques des associations.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "profondément préoccupé" par la suspension. Le décret "doit être immédiatement abrogé", a-t-il dit sur le réseau social X.

Le président du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, a appelé à la "désobéissance civile jusqu'à la chute du régime illégal et illégitime en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens".

Mohamed Chérif Koné, magistrat entré en rébellion contre la junte et radié, a lui aussi appelé à la désobéissance civile. "Hors de question de laisser la dictature prospérer", a-t-il écrit. Le gouvernement est "disqualifié" pour parler au nom du Mali depuis le 26 mars 2024, a-t-il dit.