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Deuil national au Burkina, entre douleur et lassitude

Richard Tiéné
14 juin 2022

Alors que les massacres comme celui de Seytenga se répètent, certains questionnent le sens de ce nouveau deuil national.

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Le nord du Burkina Faso se retrouve en première ligne face aux djihadistes
Image : Sam Mednick/AP/picture alliance

Drapeau en berne, pas de réjouissance populaire ou de manifestations à caractère récréatif : le Burkina Faso observe depuis ce mardi matin (04.06) un nouveau deuil national.

La douleur est encore plus vive suite à l’annonce de 29 nouveaux corps retrouvés par les unités d’intervention déployés dans la comme de Seytenga dans le nord du pays.

Le bilan provisoire des tueries dans cette localité s'élève à présent à 79 morts.

Ecoutez le reportage de notre correspondant...

Les 72 heures de deuil décrétées par le gouvernement sont diversement appréciées.

À Ouagadougou, les avis divergent. Pour les uns, "le deuil national décrété par le gouvernement est très important parce qu’il permet de compatir à la douleur des familles éplorées et en la mémoire des victimes."

A (ré)écouter également : Les groupes armés pullulent dans le dos de l'armée burkinabè

Absence de solution

Mais pour d’autres habitants de la capitale, "les gens en ont marre des deuils nationaux. Il va falloir revoir la formule. Si on n’arrive pas à solutionner nos problèmes d’insécurité, on sera toujours dans les deuils nationaux."

Hervé Honla est un journaliste qui mène aussi des activités dans l’évènementiel. Sa cérémonie les 12 PCA, les Personnalités Culturelles de l’Année, a déjà été reportée du fait de deuils nationaux. A son avis, il faut repenser le décret :

"Il n'y a pas 24 ou 48 heures qui peuvent se passer sans qu’il n’y ait malheureusement des victimes. Vivons avec cette forme de résilience. C’est vrai qu’on ne doit pas mener des activités de réjouissance à 100% ; nous devons mener des activités afin que cette force de résilience puisse atteindre les familles éplorées. Cela va permettre de repousser ces hommes mal intentionnés qui ne voudraient pas qu’il y ait la paix sociale dans le pays."

Redonner du sens au deuil national

Pour l’enseignant chercheur, Dr Jacob Yarabatioula, 72 heures de deuil sont excessives. Il convient, selon lui, d’insister sur le caractère sacré des décès liées aux attaques terroristes :

"On ne doit pas laisser penser qu’en fonction du nombre de morts dans une catastrophe, la durée du deuil doit varier. Un jour de deuil pour penser et nous recueillir sur la mémoire des disparus est indiqué. Il faut, par ailleurs, restaurer le caractère sacré de la vie humaine. On banalise la vie humaine, cela fait qu’un décret pour un deuil national n’émeut presque personne."

A (ré)écouter également : Au Burkina, les attaques djihadistes contre des civils s’intensifient

Le bilan de l’attaque de Seytenga pourrait être plus lourd. Les unités d’intervention continuent les recherches dans les concessions mais leur progression, précise le gouvernement, serait ralentie par la probabilité d’engins explosifs improvisés placés par les terroristes pour miner les sites.