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Du soutien pour les victimes de violences sexuelles

Jean-Fernand Koena
12 mai 2021

En Centrafrique où le viol est utilisé comme une arme de guerre, le centre Tongolo vient en aide aux victimes de violences sexuelles.

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Demokratischen Republik Kongo  | Ein Vergewaltigungsopfer in ihrem Haus in Luvungi
Image : Yannick Tylle/picture-alliance

 En RDC, plus de vingt Congolaises ont affirmé avoir été victimes d'abus sexuels, sous forme de chantage à l'emploi, par des travailleurs humanitaires, notamment de l’Organisation mondiale de la Santé. Ces faits se sont déroulés dans l'Est du pays, selon une enquête publiée ce mercredi (12.05.2021).

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Dans un autre registre, plus dramatique encore, les viols ont été utilisés comme une arme de guerre en RDC ou encore en République centrafricaine. Dans ce dernier pays, Médecins sans frontières (MSF) a d’ailleurs documenté ces derniers mois une augmentation importante des viols et violences sexuelles, dénombrant 173 cas en décembre 2020, 340 en janvier 20121 et 421 en février. Cela représente une dizaine d’agressions par jour. 
MSF prend en charge les victimes dans plusieurs établissements, dont le centre Tongolo qui signifie Espoir.

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Manifestation au Mali contre les violences faites aux femmes.
Manifestation au Mali contre les violences faites aux femmes.Image : Michele Cattani/AFP/Getty Images

Une double peine

Les viols et violences sexuelles sont une double peine pour les victimes qui en plus de la blessure physique et morale subissent aussi souvent la stigmatisation. Ainsi beaucoup vivent ce traumatisme dans le silence. 
Au centre Tongolo, Axelle Franchomme, responsable de l’établissement, explique qu'une fois arrivée au centre "les patients sont accueillis par une équipe pluridisciplinaire avec une prise en charge médicale parce que les violences sexuelles sont une urgence médicale."

Bedel est pris en charge par le centre Tongolo. Son histoire est terrible… Il a été contraint par les Séléka de coucher avec sa fille.
" J'ai été à Kouango pour visiter mon beau père. C'est à mon retour que je suis tombé entre les mains des Séléka. Ils m'ont pris avec mes deux enfants. Ils ont violé ma troisième fille. C'est alors que je me suis énervé. Ensuite, ils m'ont pris en force et m'ont amené deux femmes. L'une pour moi et l'autre pour mon conducteur de taxi-moto et il a fallu que j'accepte de faire ça."

"C'était ma fille, ma troisième fille avec qui nous sommes allés à Kouango" précise Bedel.

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Cliquez pour écouter les précisions de Jean Fernand Koena

Déculpabiliser

D’autres victimes viennent la nuit témoigner de leur souffrance. Dans un autre centre de MSF, celui de l'hôpital communautaire, Aimé Césaire les reçoit et les met en confiance.
"La plupart du temps, les victimes pensent que c'est leur faute quand elles sont agressées sexuellement. Dans la psychoéducation, on les amène à comprendre ce qu'est la violence sexuelle, à déculpabiliser, à effacer le fait qu'elles se mettent en tête qu'elles sont victimes parce qu'elles ont accepté de porter telle tenue, à tel endroit et à tel moment. Après ces échanges, les victimes comprennent effectivement qu'elles ne sont en rien responsables et cela permet d'atténuer un peu leur souffrance " explique t-il.
Les soldats russes qui opèrent en Centrafrique sont souvent accusés de violences sexuelles mais aucun fait n’a été à ce jour prouvé. Interrogé sur cette question, Denise Brown, numéro 2 de la Minusca, affirme documenter ces accusations alors que l'Onu et la Russie se seraient mis d’accord pour ouvrir des enquêtes.