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PolitiqueAfrique du Sud

Crise de l'énergie et législatives en Afrique du Sud

Martina Schwikowski | Nancy-Wangue Moussissa
6 octobre 2023

Alors que les législatives de 2024 approchent, le pays traverse une crise énergétique sans précédent avec des coupures d’électricité quasiment quotidiennes.

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Un homme assis dans une salle sombre avec une bougie allumée.
Incapable de produire suffisamment, la compagnie publique Eskom impose des délestages records.Image : DW

Pour le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, du parti historique ANC, l’obtention d’une majorité politique aux élections de 2024 pourrait se compliquer. La situation énergétique et économique du pays est devenue explosive.

Au premier semestre, les coupures de courant pouvaient durer jusqu'à douze heures par jour, selon une habitante de Parkview, un quartier pourtant plutôt aisé de Johannesburg.

Image de panneaux solaires à Johannesburg.
Le manque d’entretien des centrales figure parmi les principales causes de la crise de l’électricité en Afrique du Sud.Image : Shafiek Tassiem/Reuters

Le sommet des Brics, qui s’est tenu en août dernier dans le pays, ne fait pas oublier que les conditions de vie de la population sud-africaine restent précaires, comme le rappelle Daniel Silke un analyste indépendant.

"Les Sud-Africains sont préoccupés par les questions de base sur le terrain, par l'état de l'administration dans le pays et ils veulent que les services publics soient pourvus. Plus de responsabilités, de meilleures performances, de meilleurs résultats politiques et, bien sûr, que la lumière reste allumée en Afrique du Sud... Ces questions sont plus importantes que les relations commerciales bilatérales et les tentatives de l'Afrique du Sud de devenir une force alternative dans le monde" affirme l'analyste indépendant au micro de la DW.

"C’est la débandade"

Le mouvement de libération de Nelson Mandela avait promis à la population, majoritairement noire, la prospérité et des logements convenables comme droit fondamental dans son premier programme électoral en 1994.

Aujourd’hui, près de 30 ans après son arrivée au pouvoir, l’ANC parvient à peine à maintenir l’éclairage dans les maisons, et le taux de chômage avoisine les 33%.

Dimakatso Ragedi, une institutrice de 35 ans, vit avec sa mère et sa fille à Cosmo City, dans la banlieue de Johannesburg. Elle craint un effondrement complet du réseau électrique.

"Nous nous dirigeons vers une situation comme celle du Zimbabwe ! Nous sommes un pays démocratique mais, en ce moment, c’est comme si nous vivions sous une autocratie. C’est la débandade" dit-elle toute triste.

"Nous prévoyons que le soutien à l'ANC tombera en dessous de 50%" (Priyal Singh)

Les prochaines élections législatives, qui décideront aussi du prochain président, celui-ci étant élu par les députés, pourraient marquer un tournant sur la scène politique sud-africaine.

Priyal Singh, membre du personnel de l'Institut d'études de sécurité (ISS), affirme qu’il s'agit du premier scrutin dans l'histoire postapartheid de l'Afrique du Sud qui sera très disputé. "Pour la première fois, nous prévoyons que le soutien à l'ANC tombera en dessous de 50%, le seuil tombera et nous plongera dans une phase turbulente de la politique de coalition", ajoute Priyal Singh. 

Le parti d’opposition Alliance démocratique a constitué une coalition de sept partis réunissant le parti Zoulou, la formation nationaliste afrikaner Freedom Front Plus, ainsi qu’Action SA, tandis que le parti d’extrême gauche Combattants pour la liberté économique, de Julius Malema, essaiera de dépasser les 13% d’intention de vote prévus par l’entreprise de sondage Ipsos. La tenue des élections est prévue pour avril 2024.