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Des stratégies pour financer la lutte contre la Covid-19

Jean Claude Abalo
1 mars 2021

Les gouvernements pourraient financer les mesures radicales qu’exigent la lutte contre l’extrême pauvreté, la Covid-19 et la crise climatique en recouvrant les milliards de dollars perdus.

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Ibrahim Assane Mayaki au cours d’une interview à la DW à Kigali en mars 2018
Ibrahim Assane Mayaki au cours d’une interview à la DW à Kigali en mars 2018Image : DW/E. Topona

Cette proposition a été formulée dans le rapport du Groupe sur la responsabilité, la transparence et l’intégrité financière internationale pour atteindre les objectifs de l’agenda 2030, en abrégé le Groupe Facti.

Ce groupe de travail des Nations unies a publié récemment à New-York son rapport.

Ce document indique que "le manque à gagner annuel pour les Etats du fait de l’optimisation et de l’évasion fiscale pourrait par exemple financer au Tchad la création de 38.000 salles de classe et permettre à l’Allemagne de construire 8.000 éoliennes."

Lisez ci-dessous ou écoutez l'interview avec lbrahim Assane Mayaki, ancien Premier ministre du Niger. Il a co-présidé le panel Facti. Il répond aux questions de Jean-Claude Abalo, notre correspondant à New-York.

L’interview d’Ibrahim Assane Mayaki

Ce Groupe Facti est composé d’anciens chefs d’Etats et de gouvernement, de gouverneurs de Banques Centrales, de chefs d’entreprise,de figures de la société civile et de chercheurs.

Ibrahim Mayaki : Plus de sept mille milliards de dollars prennent des destinations secrètes à travers ces flux financiers illicites. Mais pour ce qui concerne l'Afrique, on est dans des fourchettes qui s'élèvent entre 75 milliards et plus de 100 milliards. 
Donc si vous faites cette comparaison avec les flux d'aide au développement, vous voyez qu'il y a une disproportion considérable. 

Donc il y a 14 recommandations qui sont faites et qui vont des problèmes d'agressivité fiscale aux questions des paradis fiscaux, de déclaration des taux de profit des multinationales. Nous préconisons par exemple qu'il y ait des niveaux de taxation des corporations des multinationales connus et qui soient réflétés dans les états financiers de ces corporations. 

Ce sont des mesures qui sont techniquement faisables et qui sont politiquement acceptables. Parce que je ne pense pas qu'il y ait un gouvernement en Afrique qui veuille être traité de corrompu.

DW : Au moment où la fortune des milliardaires augmente de plus de 27%, 131 millions de personnes croupissent dans la pauvreté... 

Ibrahim Mayaki : Dans cette période de crise sanitaire, on a vu un accroissement de l'inégalité parce que beaucoup de pays n'avaient pas de ressources pour créer des filets sociaux. Et même les pays développés qui avaient des ressources pour créer des filets sociaux ont vu la pauvreté augmenter. 

Et dès que la pauvreté augmente, l'inégalité augmente. On a vu des fortunes multiplier par 5, 6 ou par 10. Et cela baigne dans un contexte de flux financiers illicites. 

Donc lutter pour le financement des ODD en luttant contre les flux financiers illicites c'est en même temps aider à réduire les inégalités.