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Explusions de migrants : "Oui" pour les députés britaniques

18 janvier 2024

La chambre basse du Parlement a finalement donné son accord pour le projet visant à expulser les demandeurs d’asile vers le Rwanda, dans l’attente du traitement de leur dossier.

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Gros plan du Parlement britanique
Le Premier ministre britannique a enjoint jeudi à la chambre des Lords d'adopter rapidement son projet Image : House of Commons/UK Parliament//PA Wire/empics/picture alliance

Après 48 heures de débats sous tension et de tractations politiques, le projet de loi, qui autorise le transfert au Rwanda de demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni, a été finalement approuvé en troisième lecture à la Chambre des Communes avec 320 votes pour et 276 contre. 

Un succès pour le Premier ministre britannique, mais une déception pour ceux qui estiment que ce projet vise à décourager l'afflux de migrants vers le Royaume-Uni, et ne devrait surtout pas profiter au Rwanda.

Un pays où des journalistes, des militants de l’opposition, ainsi que d’autres personnes qui critiquent le gouvernement font l’objet de poursuites abusives, de disparitions forcées, ou sont parfois retrouvés morts dans des circonstances inexpliquées, selon Human Rights Watch

Image d'un protestataire contre la loi d'expulsion de migrants vers le Rwanda
358 migrants sont arrivés au Royaume-Uni sur une seule journée , selon les chiffre du ministère de l'Intérieur.Image : Kirsty Wigglesworth/AP Photo/picture alliance

Des faits que confirment l'opposante rwandaise Victoire Ingabire "je le vis chaque jour. Huit membres de mon parti politique sont en prison depuis plus de deux ans, sans jugement, pour avoir lu un livre qui s’intitule : Comment faire tomber une dictature quand on est seul, tout petit et sans arme", ajoute l'opposante jointe à Kigali par la DW.

"Cette loi est inhumaine"

Ce texte, adopté mercredi (17.01), vise à répondre aux objections de la Cour suprême britannique qui a jugé le projet illégal dans sa version précédente, par crainte notamment pour la sécurité des demandeurs d'asile envoyés au Rwanda.

Selon le projet, ces demandeurs d'asile, d'où qu'ils viennent, verront leur dossier examiné au Rwanda et ne pourront pas retourner au Royaume-Uni en cas de refus de leur demande.  

Lors de son examen, des dizaines de députés conservateurs ont soutenu, sans succès, des amendements visant même à durcir le texte. Ils ont tenté notamment de limiter le droit des migrants à faire appel de leur expulsion. 

Ce qui fait dire à Victoire Ingabire que cette loi est inhumaine."Parce qu’ici on parle des gens et non des marchandises. Quand je suivais le débat, on aurait cru qu’on parlait de marchandises. Pourtant, on parle bien d’êtres humains qui ont besoin d'une protection."

L'opposante compte sur la possibilité de recours probables devant la Cour européenne des droits de l'Homme. "J'espère que la Cour européenne des droits de l'Homme va protéger les réfugiés qui ont besoin d'être protégés."

Les explications de Bob Barry

Mais selon le spécialiste des droits humains, Gerd Hankel, il y a un risque que le Royaume- Uni choisisse de ne plus reconnaître la Cour européenne des droits de l’Homme. 
"Ça dépend de la volonté de coopérer avec la Cour. Si la Grande-Bretagne dit : nous ne coopérons plus avec la Cour, on quitte même cette convention, alors, à ce moment, la Cour n'est plus compétente et dans ce cas, il n'y a plus aucun recours", affirme Gerd Hankel.

Après avoir quitté l’Union européenne en 2020, le Royaume-Uni pourrait alors faire un pas supplémentaire en ne reconnaissant plus l’autorité de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui dépend du Conseil de l’Europe et est basée à Strasbourg, en France.