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Facebook ferme des comptes en Ouganda

11 janvier 2021

Le géant américain affirme que sa décision concerne un réseau lié à un service du gouvernement. L'Ouganda dénonce une ingérence à l'approche de la présidentielle.

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Le président Yoweri Museveni et son épouse Janet à l'occasion de l'investiture le 12 mai 2016
Le président Yoweri Museveni part grand favori à la présidentielle du 14 janvierImage : picture alliance/AP Photo/S.Wandera

À trois jours de la présidentielle en Ouganda, le réseau social Facebook a annoncé ce lundi 11 janvier avoir supprimé des comptes de responsables gouvernementaux. Le conseiller en communication du président Yoweri Museveni, Don Wanyama, fait partie des personnes dont les comptes sont fermés.

Facebook affirme que sa décision concerne un réseau lié à un service appelé "Groupe d'interaction des citoyens avec le gouvernement" affilié au ministère ougandais de l'Information. Les personnes concernées "utilisaient de faux comptes ou des comptes dupliqués pour gérer des pages, commentaient le contenu d'autres personnes, se faisaient passer pour des utilisateurs, partageaient des contenus dans des groupes pour les faire apparaître plus populaires qu'ils n'étaient", signale la responsable de la communication de Facebook pour l'Afrique sub-saharienne Kezzia Anim-Addo.

Accusation d'ingérence

Bobi Wine est âgé de 38 ans et brigue la magistrature suprême le 14 janvier 2021
L'artiste Robert Kyagulanyi alias Bobi Wine est soutenu par de nombreux autres activistes ougandais dans ses dénonciations contre le gouvernementImage : Getty Images/AFP/I. Kasamani

À Kampala, la mesure suscite la colère du gouvernement qui dénonce une intrusion de Facebook dans les affaires internes du pays et qui vise à favoriser l'opposition, dans un contexte préélectoral.

L'entourage du président Yoweri Museveni, 76 ans et grand favori à la présidentielle du 14 janvier, accusait déjà des "forces étrangères" de soutenir l'opposition pour parvenir à un changement de régime. Cette même accusation est reprise contre Facebook.

Lire aussi → L'Ouganda veut taxer les réseaux sociaux

Le conseiller en communication du président, Don Wanyama, a été prticulièrement virulent contre la décision du géant américain. "Honte aux forces étrangères qui pensent qu'elles peuvent installer un régime fantoche en Ouganda en désactivant les comptes en ligne des partisans du NRM", le parti au pouvoir. "Vous ne vous débarrasserez pas du président Museveni", a-t-il réagi dans des propos cités par l'AFP.

Une mesure prévisible

Joseph Bikanda : "Facebook doit être équitable"

Selon Joseph Bikanda, coordonnateur du réseau panafricain des défenseurs des droits de l'homme, basé en Ouganda, la décision de Facebook "était très prévisible. Quand il y a élection, généralement, tous les coups sont permis. Et bien avant, le gouvernement avait écrit à Facebook et à YouTube afin de suspendre certains comptes de l'opposition dont il jugeait les détenteurs très hostiles au gouvernement. On n'est pas trop surpris surtout au regard de ce qui s'est passé dernièrement aux Etats-Unis et qui aurait pu avoir influencé la décision de Facebook".

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Ce défenseur des droits de l'homme va même plus loin en déplorant que cette action de Facebook ne soit pas intervenue plus tôt, "non seulement en Ouganda mais aussi par exemple au Burundi, au Cameroun, au Nigeria ou en Guinée et en RDC". Selon Joseph Bikanda, des acteurs politiques créent des comptes pour "non seulement manipuler le public mais aussi divulguer des fausses nouvelles et c'est dans ce sens que Facebook avec les experts de la compagnie ont pu détecter très rapidement les problèmes. C'est une mesure très appropriée", insiste Joseph Bikanda.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum