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"Des crimes de guerre apparents" de l'armée burkinabè

25 janvier 2024

Human Rights Watch affirme que l'armée du Burkina Faso aurait frappé des civils à l'aide de drones armés dans le cadre de sa lutte contre les terroristes djihadistes dans le nord du pays.

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Une femme place le logo de l'ONG Human Rights Watch sur la porte alors qu'elle prépare la salle avant la conférence de presse pour la publication de leur rapport annuel mondial à Berlin (21.01.2014)
"Nous appelons les autorités burkinabè à tout mettre en œuvre pour que ce genre de frappes ne se reproduise jamais" (Ilaria Allegrozzi, HRW)Image : John MacDougall/AFP/Getty Images

L'ONG Human Rights Watch affirme, dans un rapport basé sur des témoignages et l'analyse de documents tels que des images satellites, que l'armée du Burkina Faso aurait tué des civils par trois fois à l'aide de drones armés.

Ces trois frappes visaient officiellement des militants djihadistes, mais qui auraient touché des civils, sur des marchés et lors d'un enterrement, dans les localités de Bouro, Bidi et Boulkassi, dans le nord du pays.

"Les parties en conflit se doivent de faire la distinction entre civils et combattants" (Ilaria Allegrozzi, HRW)

Ilaria Allegrozzi, chercheuse principale de Human Rights Watch sur le Sahel, explique les conclusions de l'enquête menée par HRW :

Interview avec Ilaria Allegrozzi

Ilaria Allegrozzi : Le gouvernement, par l'intermédiaire de la chaîne de télévision nationale, la RTB, a affirmé que ces frappes ne visaient que des combattants islamistes, mais nous, nous avons trouvé que ces frappes avaient tué au moins 60 civils. Peut-être beaucoup plus.

Ces frappes ont été menées avec des drones de fabrication turque, qui ont été acquis par le Burkina Faso en 2022 et qui sont dotés de bombes qui peuvent être larguées. C’est du matériel de haute précision. Ce type d'équipement a été utilisé vraiment sans discernement. C'est donc en tuant des civils et cela en violation du droit de la guerre.

Selon vous, il s’agirait d'opérations délibérées et pas d'un manquement, d’une erreur humaine ?

Ilaria Allegrozzi : Ecoutez, les récits des témoins étaient très clairs. Lors de la frappe contre l'enceinte où il y avait la cérémonie d’enterrement, les témoins nous ont dit qu'il n'y avait que des civils qui étaient présents. 

Par contre, dans les deux frappes qui ont touché les marchés, les témoins ont confirmé la présence de certains combattants islamistes au moment des frappes, mais ils ont également affirmé que la plupart des personnes présentes étaient des civils.

Donc, les parties au conflit doivent faire à tout moment la distinction. 

S’il y a des doutes, les individus doivent être des civils présumés, donc épargnés par des attaques directes.

Il serait donc possible de continuer cette lutte-là, contre les terroristes, en épargnant les civils ?

Oui, et c'est pour ça que nous demandons aux autorités burkinabè de diligenter de toute urgence des enquêtes impartiales, les autorités doivent également traduire les responsables en justice et, surtout, donner un support aux victimes et leur famille, après ces tragédies.

Quand nous avons publié nos rapports précédents, les autorités nous avaient répondu avec des lettres et nous avions pu intégrer leurs réponses dans nos rapports. Mais ce n'était pas le cas cette fois-ci.