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Le "non" de la classe politique allemande

Catherine Lankes | Carole Assignon
15 septembre 2021

La junte au pouvoir à Bamako et la société paramilitaire russe Wagner seraient en passe de conclure un accord. Une information qui suscite de vives réactions en Allemagne.

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La ministre allemande de la Défense Annegret Kramp Karrenbauer
La ministre allemande de la Défense Annegret Kramp KarrenbauerImage : Darko Bandic/AP Photo/picture alliance

Présente au Mali avec près de 1.500 soldats, l'armée allemande est déployée dans le cadre de la Minusma, la mission de l’Onu et de l’EUTM, la mission de formation de l'Union européenne, dirigée depuis peu par le général de brigade allemand Jochen Deuer. Dans ce contexte, pas étonnant que l’éventualité d’un rapprochement entre Bamako et le groupe russe Wagner passe mal. 

Lire aussi : Bamako confirme échanger avec la société russe Wagner
 La ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a d’ailleurs prévenu dans un tweet que la conclusion éventuelle d'un tel accord "remettrait en cause" le mandat de l'armée allemande au Mali. 

Un avertissement formulé comme suit : " Si le gouvernement du Mali passe un tel accord avec la Russie, cela contredirait tout ce que l'Allemagne, la France, l'Union européenne et l'Onu ont fait au Mali depuis huit ans."

Annegret Kramp-Karrenbauer lors d'une visite au Mali en 2019.
Annegret Kramp-Karrenbauer lors d'une visite au Mali en 2019.Image : picture-alliance/dpa/A. I. Bänsch

Avant cette réaction, la France a menacé de retirer ses troupes. Le contrat en question devrait, selon certaines sources, porter sur le déploiement d'un millier de paramilitaires russes pour former les forces armées maliennes et assurer la protection des dirigeants. Des contreparties minières seraient en discussion.

Lire aussi : "En dernier lieu, c'est aux Maliens de décider"

Une mauvaise nouvelle

Le groupe Wagner fournit des services de maintenance d'équipements militaires et de formation mais est également accusé de mercenariat. Il est aussi suspecté d'appartenir à un homme d'affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine mais Moscou a toujours démenti tout lien avec le groupe.
Pour des membres du Bundestag comme Christoph Hoffmann, du parti libéral démocrate FDP, l’éventualité d’un contrat entre Bamako et le groupe Wagner n’est pas une bonne nouvelle.
 " Cela ne va pas stabiliser la situation sur place. Ensuite, on doit noter que la Russie est très intéressée par la vente d’armes. C’est très important de commencer une communication intensive maintenant pour arrêter le projet Wagner. Pour la stabilisation du pays, c’est le progrès et le développement qui sont importants, rien d’autre " précise Christoph Hoffmann qui rappelle le cas de la Centrafrique que la présence de mercenaires de Wagner n’a pas pour autant permis de stabiliser.

Formation de soldats maliens par les forces de l'EUTM.
Formation de soldats maliens par les forces de l'EUTM.Image : EUTM Mali

Arrêter la collaboration

Katja Keul, députée vert au Bundestag, est toute aussi critique. Selon elle "une collaboration avec le groupe Wagner est hors de question et si cela s'avère vrai, il faut mettre fin à l'EUTM (… ) car nous avons déjà la situation selon laquelle l'armée formée par l'UE a effectué un coup d'Etat. C'est une situation à laquelle toute la mission est confrontée et s'il y a maintenant une coopération avec un groupe qui s’avère ne pas être recommandable, alors le moment est venu de mettre définitivement fin à cette mission. "

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Dans une interview accordée à la DW, Jelena Aparac, du groupe de travail de l'Onu sur l'utilisation de mercenaires, a déclaré que l’organisation était préoccupée au sujet de certaines informations provenant d’Afrique. Elle précise par ailleurs que l'Onu déconseille à tous les Etats d'embaucher des mercenaires ou d'avoir recours à des sociétés de sécurité privées. 

Catherine Lankes Pratikantin
DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique