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Pas facile de vivre en ville à Beni

John Kanyunyu
2 août 2019

Ces habitants qui quittent la campagne pour s'installer en ville ! Des expériences parfois douloureuses et pas faciles. Parfois synonyme carrément de pauvreté et de souffrance. Reportage à Beni en RDC.

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Burundi Leben in Bujumbura
Image : DW/K. Tiassou

"Aujourd'hui je suis locataire et si je ne travaille que pour les autres" (Ézéchiel Kisongora)

Assis dans la cour de sa parcelle, Ézéchiel Kisongora se lamente de la vie misérable qu'il mène avec sa famille en ville, après avoir quitté son champ à Mayangose.

C'était il y a une année. Il parle de ses hectares de champs de cacao qui pourrissent aujourd'hui pendant que lui, sa femme, et ses 10 enfants, passent des jours sans manger.

Burundi Leben in Bujumbura
Image : DW/K. Tiassou

"À Mayangose je vivais dans la tranquillité parce que j'y avais bien préparé mon avenir en cultivant le cacao, manioc ainsi que les légumineuses que j'ai dû abandonner"

Un abandon forcé. Ses champs et ceux de ses voisins se sont retrouvés occupés par les rebelles Ougandais de l'ADF auteurs de plusieurs massacres dans les villages abandonnés.

La ville n'est la campagne 

Aujourd'hui Ézéchiel, sa famille ainsi que ses voisins qui avaient fui Mayangose mènent une vie misérable à Beni.

Pour avoir quelque-chose à se mettre sous la dent, Ézéchiel Kisongora est obligé de faire des petits travaux rémunérateurs. Il regrette ses sacs de cacao qu'il récoltait chaque mois

"Chaque mois je récoltais deux sacs et demi de cacao, ce qui me permettait de payer les frais scolaires de mes enfants. Mais aujourd'hui je suis locataire et si je ne travaille que pour les autres, mes enfants n'auront rien à mettre sous la dent et c'est pas aussi facile de trouver des petits travaux rémunérateurs."

DR Kongo Wahl & Thema Wahlfälschungsvorwürfe | Viertel Mont Ngafula in Kinshasa
Image : DW/J. Gerding

Et pourtant Ézéchiel Kisongora vit mieux que certains anciens habitants de Beni.

Certaines filles qui avaient dû quitter les villages, elles aussi pour la ville, se livrent désormais à la prostitution. On les aperçoit souvent dans les grandes artères de Beni, où les balcons des magasins qui leurs servent d'hôtels. Certaines sont même mineures, exposées aux maladies et aux violences sexuelles en tous genre.

Une situation qui révolte ici. Alors pour tenter d'éviter cette vie misérable aux victimes de l'exode rural, le porte-parole de l'association africaine de défense des droits de l'homme, Asadho dans le Nord-Kivu Kizito, Bin Hangi, demande au gouvernement de la RDC de restaurer la paix dans les zones affectées

"L'état congolais doit imposer une paix durable pour que dans la campagne la situation s'améliore, parce que c'est dans les villages qu’on trouve la nourriture, pour subvenir aux besoins des habitants qui sont dans la ville."

En attendant une solution durable, le calvaire des victimes de l'exode rural continue et l'espoir de retourner dans leurs villages s'éloigne à causes des groupes armés dans leurs villages respectifs.