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L’opération Springbok de la Monusco ne convainc pas

Zanem Nety Zaidi
8 novembre 2023

En RDC, l'opération Springbok est censée sécuriser la zone de Goma et Sake, mais le capital confiance de la Monusco est bien entamé pour de nombreux Congolais.

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Convoir de soldats et véhicules de la Monusco le long d'une piste du parc des Virunga (archive de février 2021)
L'annonce du lancement de l'opération Springbok a surpris et a été accueillie avec scepticisme à Goma, dont les habitants demandent à l'armée congolaise de passer à l'offensive et de chasser le M23 du Nord-Kivu.Image : Alexis Huguet/Getty Images/AFP

La mission militaire de l’Onu en RDC, la Monusco, a déployé ses Casques bleus aux alentours des villes de Goma et Sake, dans le cadre de l'opération militaire dénommée Springbok, qui sera conjointement menée avec l'armée congolaise dans le but de protéger cette zone de l'avancée des rebelles du M23.

Annoncée à la presse vendredi dernier (3 novembre), l'opération SpringBok reste limitée, selon le général Octavio Miranda de la Monusco, à la protection des populations civiles.

"La Monusco est profondément préoccupée par l’escalade prise par les affrontements au Nord-Kivu, les affrontements entre le mouvement du 23 mars et les groupes armés, ayant poussé environ 300.000 personnes à fuir leur maison", a déclaré Général Octavio Miranda.

Difficile collaboration

L'armée congolaise ne collaborait pourtant plus depuis des mois avec la Monusco. Le porte-parole de l'armée congolaise dans le Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Guillaume Njike Kaiko, a donc tenu à rappeler que cette relance des opérations communes avec la Monusco se fait aux côtés d’autres initiatives conduites, notamment avec les armées des pays de la région.

"L'objectif ici, c'est la paix. Nous travaillons avec la Monusco comme partenaire, et cela ne nous empêche pas nous, en tant que Forces armées de la République démocratique du Congo, d'évoluer avec d'autres partenaires pour atteindre l'objectif que le commandant suprême s'est fixé", a-t-il expliqué.

Le centre de la ville de Goma vu en surplomb (archive de 2022)
La société Virunga Énergies, qui alimente en électricité une grande partie de Goma, avait annoncé lundi une coupure de courant dans la ville en raison de dégâts sur une de ses lignes de distribution, causés par "des affrontements entre FARDC et M23 au niveau de Kibumba". Image : Ben Curtis/AP Photo/picture alliance

Lundi (06.10.2023) dans la matinée, des unités des Casques bleus ont été déployées à Kimoka près de Sake et Munigi, au nord de Goma, pour y ériger des positions de défense, mais certains acteurs de la société civile, comme Josué Wallay, critiquent cette opération qui pourrait, selon eux, offrir à la Monusco une occasion de prolonger sa présence.

"La Monusco se moque de nous parce que ça fait maintenant plus de deux ans qu'elle est en train de constater cette agression rwandaise et tous les massacres commis par les rebelles du M23, partout où ils passent sans rien faire. Mais la question qu'il faut se poser, c’est pourquoi elle veut maintenant intervenir ? Cette guerre risque d'aller au-delà de décembre parce que c'est en décembre que les Casques bleus doivent commencer à partir, et ils veulent se créer une raison de rester ici", a-t-il estimé.

Le bon moment

Pour l'analyste Patrice Sheria, l'implication de la Monusco est importante. Elle survient après une longue période durant laquelle les soldats de l’Onu ont été tenus à l'écart des opérations militaires, mais seuls les résultats sur le terrain parleront en leur faveur.

"Pour nous, c'est une bonne chose, étant donné que depuis le début de ce conflit armé, la Monusco n'a rien fait. Cependant, nous n'attendons pas d'eux des images vidéo pour dire qu'ils sont en train de combattre, nous attendons juste une victoire découlant de cette opération conjointe", déclare Patrice Sheria.

Les combats entre le M23 et l’armée congolaise soutenue par les groupes d’autodéfense Wazalendo se déroulent sur plusieurs fronts dans les territoires de Masisi et Nyiragongo, se rapprochant ainsi de la ville de Goma.