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RDC : le rôle de la mission militaire de la SADC reste flou

Paul Lorgerie
5 janvier 2024

La venue d’une mission militaire à l’est de la RDC a été confirmée. Pour autant, son mandat ne semble pas clair pour de nombreux chercheurs.

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Des combattants du M23 sur un pick-up
Dans un rapport pas encore été rendu public, des experts des Nations unies apportent de nouvelles preuves du soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23Image : Guerchom Ndebo/AFP

Malawi, Afrique du Sud, Tanzanie… Voici les pays qui enverront des contingents dans le cadre de la South African Mission en République démocratique du Congo. Hier, la Southern African Development Community (SADC) a confirmé que la mission avait même déjà commencé son déploiement le 15 décembre dernier. Alors, pourquoi communiquer seulement maintenant ? Contactée, l’organisation régionale n’a pas donné suite à notre question.  

En attendant, nous savons qu'elle aura le rôle d’appuyer les forces armées de la République démocratique du Congopour stabiliser la province du Nord-Kivu,en partie occupée par les rebelles du M23 et ce, alors que la mission de la East African Community vient de plier bagage.  

Reste à savoir si elle sera accueillie de la même manière, les forces de l’EAC ayant fait l’objet de plusieurs manifestations de contestation au cours de l’année passée. Mais pour Steward Muhindo, chercheur et militant de la Lucha, la donne est cette fois-ci différente.  

"Il faut dire que, contrairement à la SADC, l’EAC était constitué de pays qui, d’une façon ou d’une autre, contribuait à la déstabilisation du Congo. Donc de ce point de vue-là, l’EAC était mal partie avant même que l’on sache si son mandat était offensif ou passif, comme cela a été le cas."

Les troupes de l'EAC quittant l'aéroport de Goma
La force regionale de l'EAC n'a pas réussi à changer la donne sécuritaire dans l'estImage : Alexis Huguet/AFP

La question du volet offensif

Et justement, quid de ce mandat. Consulté par la Deutsche Welle, le texte qui encadre la force ne semble pas inclure de volet offensif pour les soldats du sud du continent. En clair : les soldats ne seraient pas là pour attaquer les miliciens.

D’après Yvon Muya, enseignant-chercheur à l'École d'études de conflits de l'université Saint-Paul, au Canada, il s’inscrit dans le pacte de sécurité collective de l’organisation d’Afrique australe, sans pour autant préciser le cadre d’intervention des militaires.  

"Il y a lieu de rester prudent. On verra dans les prochains jours s’il y a un plan opérationnel contre les groupes amrés, car ce n’est pas très clair." 

Pour autant, la nomination, du général-major sud-africain Monwabisi Dyakopu, ancien de la brigade d’intervention rapide de la Monusco, est un signal clair envoyé par la SADC, selon Onesphore Sematumba, analyste au sein de l’International Crisis Group : "Il connaît le terrain, il a déjà une avance psychologique car il a fait partie de ceux qui ont défait le M23 en 2012-2013."

"Il convient de ne pas s’emballer", tempère Onesphore Sematumba, les acteurs ayant changé dans les dix dernières années, notamment avec l’arrivée remarquée de Corneille Nangaa, ancien président de la commission électorale congolaise, aux côtés du M23.