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Le journaliste Stanis Bujakera condamné en RDC

Paul Lorgerie
18 mars 2024

La justice congolaise a condamné le journaliste à six mois de prison et une amende. Les défenseurs des droits humains dénoncent la façon dont le dossier d'accusation a été monté.

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Rassemblement à Kinshasa pour réclamer la libération de Stanis Bujakera
Rassemblement à Kinshasa pour réclamer la libération de Stanis Bujakera Image : Paul Lorgerie/DW

En République démocratique du Congo, le Tribunal de Grande instance de Kinshasa/Gombe a condamné le journaliste Stanis BujakeraTshiamala à six mois de prison et 400 $ d’amende contre les 20 ans et 7500$ d’amende requis par le Parquet. Cette condamnation signifie que le journaliste est libre (le temps d’accomplir les formalités à la prison centrale de Makala) car elle correspond à la période de sa détention préventive.

Les organisations de défense des droits des journalistes avaient organisé, ce matin, une réunion afin de lancer un appel à se rassembler pour le soutenir. 

A cette occasion, plusieurs militants ont soulevé les incohérences du dossier, de l'arrestation aux accusations du ministère public, souvent non prouvées.

Un dossier lacunaire

Stanis Bujakera est-il coupable ? Bien que le ministère public soutienne cette thèse, l'entourage du journaliste, ainsi que le journaliste lui-même, affirment le contraire et soulignent notamment le manque de preuves apportées par le procureur, Serge Bashonga. 

Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de l'association Journaliste en danger, constate que "le document sur lequel se base le ministère public pour accuser Stanis, c'est d'avoir fabriqué un faux rapport de l'ANR (Agence nationale de renseignements, les services de renseignements congolais, ndlr). Mais ils n'ont trouvé aucune trace de ce document, que cela soit dans la poubelle, dans le bureau ou même dans son téléphone."

Les juges du tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, ce lundi 18 mars 2024
Les juges ont condamné Stanis Bujakera à six mois de prison au lieu des 20 ans reclamés par le parquet Image : Paul Lorgerie/DW

Les charges

Accusé d'avoir fabriqué, puis diffusé et médiatisé une note de l'Agence nationale des renseignements qui pointe la responsabilité des services secrets militaires dans l'affaire de Chérubin Okende, ancien ministre retrouvé mort dans sa voiture le 13 juillet 2023, le journaliste a demandé des preuves à maintes reprises, lors de sa dernière audience. Sans pour autant être satisfait. 

Des incohérences ont été observées dans le réquisitoire du ministère public. Entre autres, le fait que ce dernier accuse Stanis Bujakera d'avoir produit la note, avant d'affirmer que le journaliste l'a reçue sur la messagerie Telegram.

Ou encore le fait que la contre-expertise ne puisse affirmer avec exactitude si, oui ou non, le correspondant de Reuters et Jeune Afrique est bel et bien à l'origine de la note.

Enfin, le fait que le procureur, lui-même, se soit procuré la note sur les réseaux sociaux, via d'autres canaux.

Dans l'attente du verdict

L'accusation était donc non fondée pour l'avocat du journaliste, Papy Niango. Il déclare : "Il s'agit d'un mélange d'irrationalité et d'abjection qui nous amène à dire que l'arrestation de Bujakera est arbitraire, irrégulière et que l'instruction à sa charge est impensable."

Une peine de 20 ans avait été requise par le ministère public.