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En RDC, des Chinois arrêtés pour trafic illicite de lithium

Vincent Niebede
31 août 2023

Treize Chinois ont été arrêtés dans la province de Haut-Lomami pour avoir dérobé du lithium, une matière première utilisée dans la fabrication des batteries.

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Vue aérienne de ville de Goma en République démocratique du Congo
En juin 2023, un ressortissant européen a été arrêté à Goma pour trafic illégal de lingots d’or.Image : Ben Curtis/AP Photo/picture alliance

Les autorités congolaises ont découvert un stock dans la résidence où vivaient les 13 ressortissants chinois qui ont été arrêtés. L’exploitation illégale des ressources minières représenterait un manque à gagner de près de six milliards de francs congolais par an pour la RDC. Parmi les ressources naturelles minières visées, il n’y a pas que le lithium, mais aussi d’autres matières premières.

"C’est principalement le lithium, le cobalt et puis l’or", a déclaré Stéphi Mukunzi, journaliste d’investigation et rédacteur du journal Mines.cd.

Il a expliqué que ces matières premières sont convoitées par les trafiquants en République démocratique du Congo.

Un morceau de minerai imprégné de lithium
La RDC détient les plus grandes réserves de lithium inexploitées au mondeImage : Robert Michael/dpa/picture alliance

L’arrestation récente de 13 ressortissants chinois dans la province du Haut-Lomami, dans le sud du pays, ne serait selon lui que la partie visible de l’iceberg. Le manque de contrôles de la part des autorités serait en partie responsable de cette situation.

"L’Etat ne contrôle pas totalement la province et les Chinois, les Libanais ou les Indopakistanais en profitent pour piller les ressources naturelles du pays extraites soit par des enfants, soit par des femmes", a ajouté Stéphi Mukunzi. Il a conduit de nombreuses enquêtes sur les ressources minières en RDC. D’autres exploitations illégales s’y ajoutent, comme celle des diamants et du coltan.

La perte enorme  des revenus pour la RDC

 Le trafic illicite de minerais en République démocratique du Congo représenterait ainsi 1,25 milliard de dollars par an, soit 750 milliards de francs congolais, selon le rapport Atlas mondial des flux illicites, publié en 2018.

Selon les autorités congolaises, l’exploitation illicite de minerais représente un sabotage de l’économie congolaise. Fin 2022, quatre ressortissants indiens ont été également arrêtés pour trafic illicite de diamants dans la province du Kasaï-Oriental. De nombreux exploitants de ressources minières agissent illégalement en RDC.

Un orpailleur transporte un sac de terre contenant de l'or en RDC
La RDC perd chaque année 750 milliards de Fcfa dans le trafic illicite de mineraisImage : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

"Ce sont des gens qui ne respectent aucune norme, ils ne respectent pas la loi sur la protection de l’environnement et les droits des individus, tout comme le droit des communautés. Et il y a des complicités qui font qu’il y a certains Chinois qui se retrouvent sur le territoire congolais et qui n’ont aucun titre de séjour par exemple. Par où sont-ils entrés ?", a dénoncé Justin Mwetaminwa, analyste économique congolais.

Les autorités luttent contre la fraude

Les autorités congolaises communiquent très peu sur la question. Cependant, l'arrestation récente des 13 Chinois s’inscrit dans la lutte contre le trafic illicite des minerais, selon le gouvernement congolais.

"Je ne connais pas les conditions d’arrestations de ces Chinois, mais ça va dans le cadre de ce que le chef de l’Etat veut, c’est-à-dire l’assainissement du secteur minier et la lutte contre toute forme de fraude et d’exploitation illicite de nos minerais", a expliqué à la DW, André Wameso, directeur de cabinet adjoint du président Félix Tshisekedi, chargé des questions économiques et financières.

En juin dernier, un ressortissant européen a été arrêté à l’aéroport international de Goma, dans le Nord-Kivu. Il a été jugé pour trafic illégal de lingots d’or. Signalons par ailleurs que les groupes armés en RDC s’approprieraient illégalement environ 2 % des ressources minières du pays, soit 13 milliards de dollars par an, toujours selon le rapport Atlas mondial des flux illicites 2018.