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Rwanda : "tout le dossier a été politisé depuis le départ"

Reliou Koubakin
16 février 2022

Léon Habyarimana réagit au non-lieu validé par la justice française dans l’enquête sur l’attentat qui a visé son père et déclenché le génocide rwandais.

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L'ancien président assassiné Juvénal Habyarimana
L'ancien président assassiné Juvénal Habyarimana Image : picture-alliance/dpa

Mardi (15.02.22), la Cour de cassation est allée dans le même sens que la Cour d’appel de Paris : il n’y aurait pas de charges suffisantes pour désigner des responsabilités dans le crash de l’avion qui a coûté la vie à l’ancien président rwandais.

C’est en avril 1994 que l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana a été abattu par au moins un missile. Les enquêteurs français voient d’abord derrière cette attaque les rebelles tutsi de Paul Kagame.

Plus de 20 ans après l’attentat, la justice française abandonne donc les poursuites contre neuf membres ou ex-membres de l’entourage du président Paul Kagame, dans un contexte de réchauffement des relations entre Kigali et Paris.

Illustration de ce rapprochement : l’ancienne chef de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo a pris, en janvier 2019, la tête de l’Organisation internationale de la francophonie.

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"Grosse déception"

Le fils du président assassiné, Léon Habyarimana, a confié à la DW sa "grosse déception", ajoutant que "les raisons politiques ne doivent pas primer sur la justice".

"Tout le dossier a été politisé depuis le départ", accuse Léon Habyarimana qui estime que le pouvoir actuel de Kigali est impliqué dans l’attaque de l’avion de son père.

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Le président Emmanuel Macron et son homologue Paul Kagame lors d'une visite à Kigali
Le président Emmanuel Macron et son homologue Paul Kagame lors d'une visite à KigaliImage : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Du côté du pouvoir rwandais, on se satisfait du non-lieu. Les avocats saluent  une "victoire judiciaire définitive des militaires rwandais injustement accusés". Le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais Alain Mukuralinda déclare à la DW que "pour le gouvernement rwandais, c’est une satisfaction de voir la procédure se conclure par un non-lieu".

"Ceux qui étaient soupçonnés d’avoir commis cet attentat n’ont plus rien à se reprocher", ajoute le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais. 

Léon Habyarimana qui vit en exil exclut tout retour au Rwanda. Il affirme qu’il ne va jamais abandonner le combat et continuer à chercher "tout élément nouveau peut rouvrir le dossier"

"La procédure pourra probablement reprendre quand la situation politico-diplomatique évoluera", explique maître Philippe Meilhac, l'avocat d'Agathe Habyarimana, la veuve de Juvénal Habyarimana.

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La justice française a par ailleurs annoncé la clôture des investigations dans l'enquête pour "complicité de génocide et de crimes contre l'humanité" visant Agathe Habyarimana.

La veuve de l’ancien président rwandais qui vit en France est accusée par ses détracteurs d’avoir orchestré le génocide.