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Rwanda/Royaume-Uni : un accord migratoire qui passe mal

Rémy Mallet
25 avril 2022

Après le tollé suscité par l’accord migratoire conclu entre le Royaume-Uni et le Rwanda, le président Kagame s’est défendu. Mais il peine toujours à convaincre.

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Le président du Rwanda, Paul Kagame
Le Rwanda a accueilli par le passé des migrants Africains bloqués en Libye dans le cadre d'un accord avec l'Union africaine et le HCR. Image : Giscard Kusema

L'accord scellé avec le Royaume-Uni pour envoyer au Rwanda des migrants et des demandeurs d'asile, qui a suscité la controverse, n'est pas un accord sur "le commerce d'êtres humains", a affirmé le président rwandais Paul Kagame. 

"Nous ne faisons pas le commerce d'êtres humains. En fait, nous sommes en train d'aider", a-t-il précisé, décrivant cet accord comme une "innovation" mise en avant par le Rwanda. 

En vertu de cet accord, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres (144 millions d'euros). 
L’objectif du gouvernement britannique est de réduire le nombre d’immigrés irréguliers arrivant chaque année sur son territoire, par la Manche. En 2021, ils étaient 28.500 à avoir effectué ces périlleuses traversées, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.

Mais cet accord passe mal au vu des violations des droits humains, dont le Rwanda est régulièrement accusé. 

Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour Human Rights Watch, pointe l’hypocrisie de la Grande Bretagne :

“Le Rwanda a des antécédents d’abus des droits humains. C’est aussi un pays dans lequel la liberté d’expression n’est pas respectée. Et cela n’est pas seulement basé sur les conclusions de Human Rights Watch et des autres organisations des droits de l’Homme. C’est aussi basé sur les conclusions du gouvernement britannique pas plus tard que l'année dernière. Il s’agit d’une pure hypocrisie de la part du gouvernement britannique de considérer aujourd'hui le Rwanda comme un des pays les plus sûrs du monde.” 

L’accord rwando-britannique avait également provoqué les critiques de la puissante église anglicane, qui a estimé que le Rwanda ne devrait pas porter le poids de la responsabilité nationale d’un pays formé par les valeurs chrétiennes. 

La capacité du Rwanda remise en cause 

Le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, a aussi pris ses distances par rapport à l'accord bilatéral, affirmant qu'il n'était pas impliqué dans le processus. 

L’autre question qui se pose concerne la capacité du Rwanda a accueillir les réfugiés. Mesurant seulement 26 338 kilomètres carrés et enclavé, le Rwanda est le quatrième plus petit pays d'Afrique continentale.

"Le Rwanda est le pays le plus peuplé du continent en termes de densité de population. Il n'y a pas beaucoup de terres libres. Il est difficile de voir comment ils peuvent prendre des dizaines et des dizaines de milliers de personnes", explique Lewis Mudge 

Le Rwanda et le Royaume-Uni semblent indifférents aux critiques et ont promis de lancer le processus dans les semaines à venir.