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Réactions au Tchad à la position du Parlement européen

Georges Ibrahim Tounkara | Blaise Dariustone
21 mai 2021

La société civile salue la position du Parlement européen qui dénonce la prise du pouvoir par les militaires. Mais pour les autorités, il ne s'agit pas d'un coup d’Etat.

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Mahamat Idriss Déby chef du Conseil militaire de transition
Mahamat Idriss Déby chef du Conseil militaire de transitionImage : CHRISTOPHE PETIT TESSON/AFP

Le parlement européen dans une résolution adoptée le jeudi 20 mai 2021, a dénoncé la prise du pouvoir par les militaires  après le décès du président Idriss Déby et demande un retour à l’ordre constitutionnel.

Le Parlement européen invite donc le Conseil militaire de transition à "créer et garantir les conditions d’un dialogue national inclusif entre le gouvernement et les acteurs de la société civile et à garantir une transition pacifique, menée par des civils et urgente vers des élections démocratiques, libres et équitables, dans les meilleurs délais, qui aboutiraient à un président élu démocratiquement et à un gouvernement d’ouverture ".

"Le Parlement européen met ainsi la pression sur le Tchad", Helga Dickow (chercheuse allemande)

Lire aussi →Tchad : la société civile dénonce l'attitude de l'UA

La position du Parlement européen est bien différente de celle de l'Union africaine qui n'a ni condamné la prise du pouvoir par les militaires, ni demandé une transition civile.

Pour la chercheuse allemande, Helga Dickow, cette résolution est une bonne chose mais elle est, dit-elle, insuffisante.

Pour écouter sa réaction, cliquez sur l'image  ci-dessus.

Lire aussi →Tchad : cinq pistes pour réussir la transition

Pour l’avocat Max Loalngar, le porte-parole du mouvement citoyen Wakit-Tama, la résolution prise par les députés européens est une leçon de démocratie donnée à l’Union africaine, mais aussi à la France qui soutiennent le Conseil militaire de transition. "Pour une fois, nous avons une institution qui tient à la défense de ses valeurs mais qui a aussi pris la bonne mesure de la peine du peuple tchadien", affirme Max Loalgnar. "Nous sommes pressés de voir tomber des sanctions afin de donner de la force à cette résolution. C’est une belle gifle donnée à l’Union africaine et aussi à la France."

"A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle"

Cet avis est partagé dans les rues de N’Djamena, selon les témoignages recueillis par le correspondant de la DW sur place.

Pour ce musicien par exemple, "cela fait plus d’un mois que le peuple tchadien manifeste dans la rue. Il y a eu des blessés et des morts. C’est juste pour demander un retour à l’ordre constitutionnel. Et aujourd’hui, le Parlement européen vient d’écouter le peuple tchadien."

Un peu plus loin, une étudiante estime que "cette décision de l'Union européenne est une grande leçon de démocratie. Mais l'UE ne doit pas s'arrêter à une simple déclaration. Il faut des sanctions contre ces militaires."

Ecoutez notre reportage à N'Djamena

Pour Abderamane Koulamallah, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement de transition militaire, "le Parlement européen est dans son rôle. Tous les Etats du monde condamnent la prise du pouvoir par les armes. Mais au Tchad c’est une situation exceptionnelle, il y a un vide institutionnel dû au refus du président de l’Assemblée nationale d’assumer ses responsabilités. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle."

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle