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Sénégal : la migration irrégulière fait encore des victimes

1 mars 2024

A Saint-Louis, au Sénégal, près de 30 personnes ont trouvé la mort dans le chavirement d'une pirogue de migrants.

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Des migrants attendant d'être secourus en mer
La migration irrégulière fait de nombreuses victimes chaque année au SénégalImage : Salmeer Al-Doumy/AFP/Getty Images

Ce nouveau drame de l'émigration irrégulière est survenu ce mercredi (28 février), au large du quartier des pêcheurs de Saint-Louis au Sénégal. La pirogue qui a chaviré aurait accueilli plus de 300 personnes à bord.

Au quartier des pêcheurs de Saint-Louis, c'est toujours la tristesse et la désolation, deux jours après le drame. Jeudi, deux autres corps sans vie ont été  repêchés sur la plage de l'hydrobase et vendredi (1 mars) un autre, alourdissant ainsi le bilan. On compte 27 morts, 21 blessés, dont trois dans un état grave. Un bilan provisoire. 

L'Etat mis en cause

Abdou Teuw, habitant du quartier Gokhou Mbathie, a aidé à sortir des corps de l'eau.Il raconte que "c'est mercredi à midi que nous avons vu les deux premiers corps. Et nous avons aidé les sapeurs-pompiers. 19 corps qu'on a sortis d'un coup de l'eau" a-t-il assuré à la DW.

Selon Abdou "c'est la première fois" qu'un tel drame se produit à la Langue de Barbarie. "C'est très dur et cela nous fait mal, même si nous ne connaissons pas les victimes. Je pense que l'Etat du Sénégal n'a pas assez pris ses responsabilités pour freiner ce phénomène" déplore-t-il.

Un autre habitant du quartier a assisté au drame. Il se désole et souligne le manque de perspectives des jeunes Sénégalais.

"C'est très dur ce à quoi nous  avons assisté et on s'attend à voir d'autres corps surgir dans les jours à venir, car il a été dit que la pirogue transportait 350 personnes. C'est dur, malgré le climat, les jeunes continuent de sacrifier leur vie pour trouver mieux ailleurs. Que les autorités nous viennent en aide. Toutes ces personnes mortes voulaient un avenir meilleur" estime-t-il.

Des riverains tentent de secourir une embarcation après un naufrage au large de Dakar
Les embarcations chavirent régulièrement aux larges des côtes sénégalaisesImage : Leo Correa/AP Photo/picture alliance

"Il y a eu une bousculade"

La pirogue a chaviré au large de Saint-Louis, à hauteur du quartier de pêcheurs de Gokhou Mbathie. L'embarcation était partie de Joal, un village de la petite côte. Mamadi Dianfo, est l'un des rescapés, il viens du village de Kanbédou, en Casamance et raconte que l'embacation a "quitté Joal il y a une semaine".

Selon lui, ils sont "allés jusqu'au large du Maroc et les capitaines ont annoncé qu'ils étaient perdus".

Selon toujours Mamadi Dianfo, "nous leurs avons donc demandé de nous ramener au pays. Nous étions 327 dans la pirogue. Il n y a pas eu de perte de vie en cours de route, mais quand nous sommes arrivés au large de Saint-Louis, il y a eu une bousculade et certains ont essayé de sauter pour regagner la rive, mais c'est là que beaucoup se sont noyés. C'est très dur. Certains ont payé 400.000 francs CFA et d'autres 500.000 francs CFA pour voyager."

Face à ce drame, le comité régional de crise a été mis en branle par le gouverneur de la région de Saint-Louis. Il est composé des sapeurs-pompiers, du préfet du département et des différentes composantes des forces de défense et de sécurité.

Des piroges sur une plage
Beaucoup de jeunes au Sénégal cherchent à aller en EuropeImage : Zane Irwin/AP Photo/picture alliance

Les blessés sont pris en charge à l'hôpital de Saint-Louis. Les recherches pour trouver d'autres victimes se poursuivent.

Des candidats au départ toujours nombreux

Ce drame survient quelques mois après le chavirement d'une pirogue de migrants au large de Ouakam (Dakar), en juillet 2023, qui avait fait près d'une vingtaine de morts.

Des interceptions de pirogues transportant des candidats à l'émigration vers l'Europe ont lieu régulièrement dans les eaux territoriales sénégalaises. Le 26 février dernier, la marine nationale annonçait avoir intercepté, à 30 kilomètres au sud de Dakar, une pirogue remplie de 154 migrants, dont cinq femmes et un mineur.

Le 11 février du même mois, elle avait débarqué à la base navale de Dakar 85 personnes, trouvées à bord d'une pirogue en détresse et à la dérive, à 30 kilomètres au sud de Dakar.