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Un procès sur fond de grève des avocats

Blaise Dariustone
29 novembre 2022

Le procès de plus de 400 personnes arrêtées après les manifestations du 20 octobre se déroule à Koro Toro sans les avocats des prévenus.

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Des jeunes manifestants à Moundou.
Des jeunes mobilisés lors des manifestations du 20 octobre.Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

Ce sont 401 prévenus sur 621 en tout qui comparaissent ce mardi. Les 220 autres, sur lesquels pèsent des accusations plus graves, seront présentés plus tard.  

Mais cette audience se déroule sans les avocats  qui ont décidé de suspendre leur activité dans tout le pays pendant la durée du procès. Les avocats dénoncent la déportation illégale des prévenus à plus de 500 kilomètres, en violation selon eux des règles régissant les limites des ressorts territoriaux des juridictions. 

Ils dénoncent aussi l’audition des personnes emprisonnées sans l’assistance d’un avocat. 

‘’On me dit que mon fils est à Koro Toro et que ce sont les gens de la Croix Rouge qui prennent soin de lui, mais est-ce que c’est vrai ou ce n’est pas vrai ? Je ne sais pas. En tant que père ça m’inquiète beaucoup puisque sans avocats, comment vont-ils les juger ? Ils n’ont rien fait, ils ont manifesté juste pour leur droit’’ explique Grégoire Ousmane le père d’Ousmane Andjafa, un jeune homme de 22 ans arrêté à la suite de la manifestation du 20 octobre. 

Cette situation n’honore pas la justice tchadienne, estime le politologue Evariste Ngarlem Toldé. Selon lui ''évoquer les audiences foraines pour faire un jugement à Koro Toro n’honore pas notre justice. Il est temps que le gouvernement puisse comprendre que cette façon de faire risque de crisper encore davantage la situation. Ce sont des prévenus, ils ont droit à une justice équitable. Ce qui se passe à Koro Toro est une manière d’éloigner les victimes loin des parents et des curieux qui veulent assister à ces audiences". 

Ecoutez les explications de Blaise Dariustone

"Une parodie de justice"

Pour l’avocat Max Loalngar, porte-parole du mouvement citoyen Wakit-Tama, l’une des organisations à l’origine des manifestations du 20 octobre dernier, qui vit depuis lors dans la clandestinité, le gouvernement devrait simplement reporter le procès

"L’absence des avocats à un procès est une parodie de justice. On ne saurait concevoir un procès sans que la cause des personnes inculpées ne soit défendue. Les autorités judiciaires, tout comme les autorités politiques, doivent tenir compte du refus des avocats de se présenter à cette audience et reporter purement et simplement cette audience. Ramener les prévenus à N’Djamena, permettre l’ouverture d’une enquête véritablement indépendante pour, s’il y a vraiment une insurrection comme ils le soutiennent, qu’on ouvre la voie à un procès équitable’ précise t-il.’ 

Contactés par la Deutsche Welle, ni le ministre de la Justice, Mahamat Ahmat Alhabo, ni le porte-parole du gouvernement tchadien, Aziz Mahamat Saleh, n’ont souhaité réagir à ce sujet.