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" Libérez les jeunes ", disent des femmes tchadiennes

Blaise Dariustone
31 octobre 2022

Des organisations féminines réclament la libération des jeunes arrêtés à la suite des manifestations du 20 octobre.

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Des jeunes à N'Djamena lors d'une manifestation
Les femmes réclament la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations du 20 octobreImage : Blaise Dariustone/DW

Depuis le 20 octobre, de nombreuses familles sont sans nouvelles de leurs enfants. Certains ont été arrêtés lors des manifestations du 20 octobre et d'autres auraient été enlevés nuitamment à leur domicile par des militaires et des personnes se réclamant des services de renseignements.

Plusieurs d'entre eux ont été déportés dans les prisons de haute sécurité dans le désert au Nord du pays, selon des ONG de droits de l'homme. Ce que dénonce Céline Narmadji, la présidente de l'Association des femmes pour le développement et la culture de la paix au Tchad. Céline a perdu deux membres de sa famille suite à ces manifestations et est encore sous le choc.

"Les jeunes et les enfants qu'ils ont déporté à l'extrême Nord dans les prisons de haute sécurité là ils ont fait quoi ? Le droit de manifester est un droit reconnu à tous les Tchadiens. Le Tchad a souscrit aux engagements. J'ai pleuré comme toute autre mère. Que justice soit rendue à tous ceux qui sont tombés et nos enfants arrêtés qui sont en vie qu'on nous les ramène", dit la dame.

Prunelle, membre du Cercle des étudiantes tchadiennes est du même avis que Céline.

"Après avoir tué injustement nos frères et sœurs, que le gouvernement libère ceux qui sont arrêtés. Tout se passe comme si le Tchad n'est pas un pays de droit", estime Prunelle.

Le reportage de notre correspondant (audio)

Place à la justice

Mais en face, le gouvernement rassure que les personnes arrêtées sont entre les mains de la justice et qu'elles ont été transférées ailleurs faute de place dans les prisons de N'Djamena.

"Vous savez que depuis plus de deux mois, il y a une grève de magistrats. Ce qui fait que tous les prévenus de droit commun ne sont pas jugés donc ils sont dans les prisons et il y a aussi des prisonniers de guerre qui sont aussi dans les prisons. Et donc, c'est en fait une sorte de délocalisation faute de place pour pouvoir mettre les gens ici et il faut savoir raison garder pour permettre à ce que sereinement la situation soit analysée, des responsabilités situées et que la justice fasse normalement son travail", dit Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement tchadien. 

Le président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno
Le président de la transition Mahamat Idriss Déby Itno est sous la pression des ONG de droits de l'HommeImage : Denis Sassou Gueipeur/AFP

Suite à ces nombreuses réactions, le gouvernement tchadien a envoyé une mission judiciaire le 29 octobre dernier à Korotoro dans le Borkou où sont déportés ces manifestants. 

Selon le gouvernement, ces manifestations ont fait une cinquante de morts. La société civile et l’opposition parlent de plus de 200 morts, quelques 300 blessés et des milliers d'arrestations.