1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
Histoire

Togo : une maison où le souvenir des esclaves saigne encore

Noël Tadégnon
23 août 2021

A l'occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, visite dans une ancienne maison d'esclaves près de Lomé.

https://p.dw.com/p/3zMio
Illustration : "La route des esclaves" représentée à Ouidah au Bénin
A Wood Homé, les esclaves ont été maltraités avant d'être déportés Image : Cindy Miller Hopkins/Danita Delimont/Imago Images

Ce 23 août marque la  Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

Cette commémoration  vise à inscrire la tragédie de cette traite dans la mémoire de tous les peuples. C'est l'occasion pour nous d'aller à la découverte de la Maison des esclaves au Togo, située à 30 kilomètres à l'est de Lomé. 

Reportage à Wood Homé , maison d'esclaves près de Lomé

Cette Maison des esclaves, la Maison Wood, est appelée en langue locale mina "Woold homé". 

Marchands rétifs à l'abolition

Construite au début du 19è siècle dans la localité d'Agbodrafo, elle appartenait à un commerçant et négrier écossais, John Henry Wood. Gaskin Kpoti Mensah est guide à la Maison des esclaves.

Il explique quand a commencé l'histoire de cette maison cossue, "au moment où on voulait mettre fin définitivement à l'esclavage à la traite négrière. Certains parmi ces marchands ayant refusé de respecter la loi ont décidé de venir opérer ici en toute clandestinité."

 >>> A lire aussi : Sengbe Pieh : l'esclave qui s'est battu pour rentrer chez lui

La maison est située à deux pas de la côte Atlantique. Elle fait 21 mètres de long et 10 de large. D'un style afro-brésilien, elle renferme six chambres et un salon.

"Vente de négresses", une gravure d'après une illustration parue en 1842 au sujet du Surinam (Musée des familles
"Vente de négresses", une gravure d'après une illustration parue en 1842 au sujet du Surinam (Musée des famillesImage : KHARBINE-TAPABOR/imago images

Impossible de se tenir debout dans la cave aux esclaves

Les négriers vivaient juste au dessus des esclaves, qui eux étaient entassés dans la cave. Dans celle-ci il était impossible de pour les esclaves de se mettre debout. 

"Dans la cave, les esclaves se tenaient assis, accroupis, couchés, raconte Gaskin Kopti Mensah. [Il n'y avait que trois positions pour eux, parce qu'il n'était pas possible aux esclaves de se tenir débout par rapport à la hauteur de la cave qui fait 1,50 mètres de hauteur."

Un Guinéen raconte "l'enfer libyen"

Les négriers accédaient à la cave par une petite trappe dans le salon. Elle "servait à faire le contrôle des esclaves et servait à donner à manger aux esclaves et servait aussi à extirper la nuit quelques femmes esclaves pour en abuser selon le besoin des négriers."

La seule façon d'entrer ou sortir de la cave par les ouvertures aménagées était de se mettre à quatre pattes, comme un animal.

Les colons portugais débarquent sur les côte de Guinée en 1482 et colonisent la Côte d'Or (actuel Ghana) où ils se lancent dans le commerce de l'or et des esclaves
Les colons portugais débarquent sur les côte de Guinée en 1482 et colonisent la Côte d'Or (actuel Ghana) où ils se lancent dans le commerce de l'or et des esclavesImage : Imago Images/Leemage

A quatre pattes vers l'horreur

Assiakolé Mensa Edoé, conservateur de la Maison des esclaves, précise que les esclaves venaient de différentes régions du Togo actuel : "Le Togo n'existait pas de nom à l'époque. Ils les ramenaient depuis le nord et après ils les ramenaient ici et les faisaient rentrer par ces ouvertures qui sont en bas. Ils sont à quatre pattes à l'intérieur ils sont assis accroupis et couchés jusqu'au moment où on devait les sortir."

>>> A lire aussi : Des esclaves vendus au Tchad témoignent

Sortis de la cave, les esclaves étaient conduits vers Gatovoudo, un puits dénommé "puits des enchaînés" pour prendre leur ultime bain appelé "bain de purification", avant leur embarquement vers les Amériques.