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Poutine menace de nouveaux bombardements en Ukraine

Sandrine Blanchard | Avec agences
10 octobre 2022

Les frappes massives russes sur des villes ukrainiennes suscitent l'indignation à l'étranger.

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Des incendies dans une rue de Kiev, le 10 octobre 2022
Les bombes russes ont ciblé des quartiers habités de Kiev et d'autres villesImage : Gleb Garanich/REUTERS

Cinq millions d'Ukrainiens ont fui la guerre en Ukraine pour l'Union européenne ou d'autres pays membres de l'OCDE, dont plus d'un million rien qu'en Allemagne. C'est ce qui ressort d'un rapport publié aujourd'hui par l'Organisation de coopération et de développement économiques et des statistiques du gouvernement allemand. 

Cette tendance risque de ne pas s'inverser de sitôt : des dizaines de missiles russes se sont abattus dans la matinée sur plusieurs villes d'Ukraine, faisant au moins une dizaine de morts et une soixantaine de blessés parmi les civils. De nouvelles frappes ont eu lieu durant l'après-midi dans l'est du pays.

Après un bombardement, un trou dans une rue de Dnipro, sécurisé par les pompiers
Après un bombardement, un trou dans une rue de Dnipro, sécurisé par les pompiersImage : Leo Correa/AP/picture alliance

Des villes éventrées

Un centre commercial éventré, un hangar effondré sur des voitures stationnées, des rues trouées par les obus. En plus des morts et des blessés, les bombardements russes de ce matin ont aussi fait d'importants dégâts matériels dans le centre-ville de Kiev. Le bâtiment qui abrite le consulat d'Allemagne aussi a été touché. 

Les services de renseignement ukrainiens estiment que ces bombardements massifs sur des infrastructures civiles étaient préparées depuis début octobre par l'armée russe

D'autres frappes suivront

De son côté, Vladimir Poutine affirme qu'il s'agit de représailles à des attaques ukrainiennes – notamment celle du pont qui relie la Crimée à la Russie. 

"Le régime de Kiev utilise depuis longtemps des méthodes terroristes comme les meurtres de personnalités publiques, de journalistes, de scientifiques, tant en Ukraine qu'en Russie. Ce sont des attaques terroristes sur les villes du Donbass, qui durent depuis plus de huit ans. Ce sont des actes de terrorisme atomique, je veux parler des tirs de roquettes et d'artillerie sur la centrale nucléaire de Zaporijjia". 

Le pont qui relie la Crimée à la Russie, endommagé par une explosion (le 8 octobre 2022)
Le pont qui relie la Crimée à la Russie, endommagé par une explosion (le 8 octobre 2022)Image : Roman Dmitriyev/AFP/Getty Images

Vladimir Poutine prévient que d'autres "répliques sévères” suivront si la Russie est menacée. 

Ces frappes "ne sont qu'un premier épisode", précise Dmitri Medvedev. L'ancien président russe appelle au ""démantèlement total" du pouvoir politique ukrainien.

Elles surviennent le jour même où tous les pays des Nations unies se réunissent à New York en assemblée générale pour débattre d'une résolution qui condamne l'annexion de régions ukrainiennes par la Russie

Appel au secours

Les autorités ukrainiennes veulent voir dans ces frappes une nouvelle manifestation du désespoir de la Russie, en difficulté sur le terrain militaire

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, dénonce ces bombardements russes sur des cibles civiles. 

"Le soi-disant monde libre doit continuer à nous aider, nous Ukrainiens, pour arrêter ce génocide de la population ukrainienne et la destruction de la vie, de nos infrastructures et de nos villes." 

Le secrétaire général de l'Onu dénonce une "nouvelle escalade inacceptable" dans laquelle "les civils paient le prix fort". Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se pencher de nouveau ce lundi sur la situation. 

Demain, ce sont les dirigeants du G7 qui se réunissent en Allemagne.

Et dans la semaine, Vladimir Poutine doit rencontrer son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, à Astana.

Lenteur européenne

Pour l'Union européenne, ces frappes constituent un "crime de guerre". Un porte-parole de la diplomatie européenne dénonce "une tactique de bombardements aveugles de civils" qui "va à l'encontre du droit international".

A Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne ironise sur la lenteur de la prise de décision au sein de l'UE pour mettre en place la mission d'entraînement de l'armée ukrainienne, alors que les ministres des Affaires étrangères doivent rediscuter le 17 octobre de sa mise en œuvre effective. Josep Borrell.  

"Quand nous hésitons, nous le regrettons. Regardez, pour la mission d'entrainement des Ukrainiens, on en discutait déjà avant le début de la guerre. Des mois avant. Faut-il envoyer une mission d'entraînement ? Oh, non, une mission militaire en Ukraine ? Et boum ! La guerre a commencé et les gens ont dit : "oh, on aurait dû le faire”. 

L'Union européenne a décidé de prolonger "au moins jusqu'en mars 2024" la protection temporaire accordée aux réfugiés ukrainiens en raison de la guerre déclenchée par la Russie.  

Actuellement, 4,2 millions d’Ukrainiens sont concernés par ce statut qui leur permet notamment d’accéder au logement, aux prestations sociales, à l’école ou au marché du travail. 

Plusieurs Etats européens et membres de l'Otan apportent déjà un soutien militaire à l'Ukraine dans le cadre de relations bilatérales.  

L'Allemagne promet un renforcement rapide de son aide à la protection aérienne de l'Ukraine. 

Des civils blessés à Kiev (10 octobre 2022)
Des civils blessés à Kiev (10 octobre 2022)Image : Efrem Lukatsky/AP Photo/picture alliance

Assistance aux civils

Le Conseil norvégien des réfugiés (NRC), l'une des principales ONG internationales encore présentes sur le terrain, a suspendu ses activités dans les villes ukrainiennes attaquées jusqu'à ce que la sécurité de ses agents soit assurée. 

En revanche, la Croix Rouge a confirmé qu'elle poursuivait ses opérations humanitaires en Ukraine.

Suite aux bombardements russes qui ont touché des infrastructures liées à la production d'énergie, les autorités ukrainiennes appellent la population à économiser du courant électrique le soir. Les Ukrainiens doivent par exemple éteindre leurs appareilles électriques pour ne pas surcharger le réseau entre 17h et 22h. Dans plusieurs régions du pays, il n'y aura pas du tout de courant ce soir. Et le gouvernement va mettre en place un programme de délestages ciblés pour remédier aux pénuries.