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climatAfrique

Les crédits-carbone, un danger pour les forêts d'Afrique

30 novembre 2023

Les crédits-carbone à la COP28. Grâce à eux, les pays pollueurs peuvent acheter des hectares de forêts en Afrique.

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Un homme marchant dans la forêt au Congo
L'accord de Paris en 2015 a, dans son article 6, créé un mécanisme d'échange de crédits carbone, réclamé depuis des années par l'industrie. Image : Marco Simoncelli

Profitons de la COP 28 qui se tient en ce moment à Dubaï pour revenir sur les crédits-carbone dont on parle peu souvent en Afrique. Il est aussi difficile, pour ne pas dire rare, de trouver sur le continent une opinion sur le sujet.

Pourtant, l’Afrique est concernée par le changement climatique et ses forêts sont convoitées par les firmes étrangères. Sécheresses, inondations, désertification, insécurité alimentaire et accès difficile à l'eau : l'Afrique est l'un des continents les plus frappés par le changement climatique. Mais c'est aussi en Afrique que les discussions sur les crédits-carbone sont quasi inexistantes. 

Certificats de compensation

Adoptés il y a presque trente ans dans le cadre du Protocole de Kyoto, les crédits-carbone sont des certificats attribués pour chaque tonne de gaz à effet de serre compensée par un projet durable de protection de la nature. Le mécanisme encourage la réduction des émissions et participe à l'atténuation des effets du changement climatique. 

Une femme en train de remplir d'eau un bidon de plastique (illustration)
Plus de 200 entreprises ont appelé les dirigeants présents à la COP à fixer un calendrier pour la sortie des énergies fossilesImage : Thomas Mukoya/REUTERS

Mais ce système de compensation a permis récemment à un pays pollueur comme les Emirats Arabes Unis d'acheter des millions d’hectares de forêts en Afrique qui lui offrent la chance de maintenir au même niveau ses émissions de gaz carbonique.  

L’achat de ces forêts pénalise alors les populations locales qui ne peuvent plus exploiter le bois, comme c’est arrivé en Tanzanie, au Mozambique et au Liberia.

Dans ce dernier pays, une entreprise de Dubaï (Emirats arabes unis), Blue Carbon LLC, a acquis au printemps dernier, pour une période de trente ans, les droits exclusifs sur un million d’hectares de forêt, soit 10 % de la surface totale du Liberia. 

Une approche néocoloniale ?

Le principal argument en faveur des crédits-carbone est qu'ils constituent une rentrée d'argent pour les Etats les plus pauvres d'Afrique. Ainsi, selon certains experts, le continent pourrait récolter jusqu'à six milliards de dollars chaque année sur les marchés du carbone, soit une fois et demie le Produit intérieur brut d'un pays comme le Cap-Vert. 

Mais les revenus actuels en sont encore éloignés et selon l'Initiative pour les marchés du carbone en Afrique (Africa Carbon Markets Initiative), les pays africains ont monétisé, en 2021, 22 mégatonnes d'équivalent CO2 pour à peine 123 millions de dollars. 

Surtout, les crédits-carbone achetés par des pays riches sont critiqués par de nombreuses ONG comme étant une approche néocoloniale de la lutte contre le changement climatique, avec des forêts africaines convoitées par les plus grands pollueurs. 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent