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Qui sont les combattants du TPLF ?

Monir Ghaedi | Carole Assignon
10 novembre 2021

Retour sur l'histoire du Front de libération du peuple du Tigré qui affronte depuis plus d'un an l'armée régulière dans le nord de l'Ethiopie.

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Cela fait plus d'un an maintenant que l'armée régulière et les combattants du Front de libération du peuple du Tigré s’affrontent dans le nord du pays
Cela fait plus d'un an maintenant que l'armée régulière et les combattants du Front de libération du peuple du Tigré s’affrontent dans le nord du paysImage : Ben Curtis/AP/picture alliance

"Les TPLF sont des terroristes. Ils ne se battent pas seulement avec les soldats du gouvernement (…). Le TPLF se bat contre tout le peuple éthiopien (…) son objectif premier est de démanteler notre nation, ils ont dit : "Si nous devons aller en enfer pour démanteler l'Éthiopie, nous irons en enfer ", ils l'ont dit."

C'est ainsi que Bacha Debele, lieutenant-général de la force de défense nationale éthiopienne s'exprimait  lors d'une cérémonie en l'honneur des militaires éthiopiens tués au Tigré.

Pour savoir qui sont ces combattants tigréens, il faut remonter un peu le fil de l'histoire. 

Au milieu des années 1970, un petit groupe de miliciens fonde le Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Avec une idéologie nationaliste de gauche, ils ont juré de lutter pour les droits des Tigréens, un groupe ethnique qui ne représente que 5% de la population et qui a longtemps été marginalisé par le gouvernement central.

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Au pouvoir à partir des années 90 

Tout au long des années 1980, le TPLF est devenu un redoutable challenger de la dictature militaire marxiste d'Éthiopie. Le groupe a finalement dirigé une alliance d'organisations de milices, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), qui a renversé le régime soutenu par l'Union soviétique en 1991.

Meles Zenawi, Premier ministre entre 1995 et 2012, année de sa mort
Meles Zenawi, Premier ministre entre 1995 et 2012, année de sa mortImage : AP

L'alliance a ensuite commencé à diriger l'Éthiopie sous un système fédéral, le TPLF exerçant son influence sur les autres groupes et dominant la politique pendant près de trois décennies.

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Le leader tigréen Meles Zenawia été le président de transition de l'Éthiopie de 1991 jusqu'à des élections contestées en 1995, date à laquelle il a été élu Premier ministre. Il dirigera le pays jusqu'à sa mort, en 2012, avant d'être remplacé par Haile Mariam Dessalegn qui restera au pouvoir jusqu'en 2018. Il démissionneaprès plusieurs années de fréquentes manifestations antigouvernementales de différents groupes ethniques ayant gravement porté atteinte à la légitimité du gouvernement. L'EPRDF choisit alors Abiy Ahmed, de l'ethnie oromo, pour prendre sa succession.

Haile Mariam Dessalegn, Premier ministre de 2012 à 2018
Haile Mariam Dessalegn, Premier ministre de 2012 à 2018 Image : CC-BY-SA- World Economic Forum

Ce dernier a destitué de nombreux responsables tigréens de leurs postes, accusé certains de corruption et introduit une série de réformes politiques qui ont mis le TPLF sur la touche. 

Une offensive qui a mal tourné

Début novembre 2020, les forces du TPLF ont été accusées d'avoir attaqué et pillé des bases militaires. Abiy Ahmed lance alors une campagne militaire dans la région du Tigré qui va se transformer en conflit entre les deux camps.

Pour Berhane Gebre Christos du TPLF, le gouvernement éthiopien est seul responsable du chaos actuel dans le pays : "Nous essayons de mettre un terme à la terrible situation en Éthiopie, qui est créée par l'administration Abiy. Nous implorons tant pour une paix, qui mettrait fin à ce conflit, à cette catastrophe humanitaire désastreuse... "

Depuis juin 2021, l'armée éthiopienne a subi des revers continus. Alors que la ligne de front se rapproche d'Addis-Abeba, le Premier ministre a appelé les habitants à être prêts à défendre la capitale.

 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique