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A Goma, la ruée sur les denrées alimentaires par peur du M23

Zanem Nety Zaidi
18 novembre 2022

A Goma, les produits alimentaires deviennent de plus en plus rares, alors que les chaînes d'approvisionnement sont perturbées par les combats contre le M23.

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Vue aérienne d'une rue de Goma
A Goma, on craint une pénurie de denrées alimentaires si les combats se poursuivent dans la régionImage : Ben Curtis/AP/picture alliance

A Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, les habitants de cette ville de deux millions d’habitants redoutent l’approche des rebelles du M23 qui avait déjà conquis l’agglomération en 2012.  

Même si les dernières nouvelles semblent rassurantes, l’armée congolaise semblant avoir ralenti l’avancée des rebelles, les marchés sont pris d’assaut par les Gomatraciens qui cherchent à faire des réserves de nourriture.  

Mais certains produits deviennent difficiles à trouver, les routes de desserte agricole ayant été coupées par les combats.   

Ainsi, pour certains habitants rencontrés au marché de Birere, le centre commercial de la ville de Goma, la ville reste sous la menace des rebelles. 

Faire des réserves  

Depuis la reprise des affrontements à Rutshuru et dans une partie du territoire de Nyiragongo, les temps sont difficiles, expliquent les habitants.  

Mieux vaut faire des réserves de nourriture avant que le M23 n'arrive éventuellement à Goma, estime Maneno Kamwenge, un père de famille rencontré au marché de Birere, le centre commercial de la ville. 

Pour lui, "ceux qui pensent rester en ville même en cas d’occupation rebelle, doivent faire des stocks parce qu'après l'occupation du M23, la peur les empêchera d’aller au marché."

Des soldats des FARDC font face a de jeunes habitants de Goma
Les nouvelles du front, plutôt optimistes, ne suffisent pas à rassurer les GomatriciensImage : Zanem Nety Zaidi/DW

Pour Amani Kakoti, un autre père de famille, il est toutefois devenu compliqué de faire des provisions en raison du prix des denrées de base.  "Nous n'avons pas assez d'argent pour vivre et maintenant la guerre arrive, explique-t-il. Lorsqu'une armée rebelle occupera la ville, nous ne pourrons plus aller au marché pour acheter de la nourriture et il y aura peut-être une augmentation des prix. Par précaution, beaucoup prennent l'initiative d'acheter plus de nourriture que d'habitude pour se préparer à cette éventualité." 

Des récoltes bloquées dans les champs  

Les commerçants du marché évoquent une pénurie de certains produits, comme les haricots. Les véhicules transportant les fruits et les légumes ont des difficultés à atteindre la ville, selon les femmes rencontrées sur leur lieu de travail. 

Sifa Amkeni est une commerçante au marché de Virunga. Elle raconte que "les véhicules qui transportent les haricots n'arrivent plus comme avant, nous allons mourir de faim. Les affrontements ont bloqué la route. Les haricots commencent à pourrir dans les champs. Une mesure de haricot se négocie à 4.000 francs aujourd'hui. Nous risquons de mourir de faim." 

Ecoutez le reportage à Goma...

Une autre commerçante, Safi Kahindo, confirme que les livraisons sont devenues plus rares. Elle note que "le travail ne se passe pas bien. Le fait que les routes de Rutshuru aient été fermées signifie que nous travaillons dans une situation difficile. Nos fournisseurs ne peuvent pas atteindre Goma."

Depuis le début de cette semaine, la peur d’une nouvelle prise de Goma par les rebelles du M23 est devenue plus présente au sein de la population.