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Le Sénégal serait-il menacé par le djihadisme ?

Georges Ibrahim Tounkara
20 avril 2022

Face à l’extrémisme radical, les autorités misent sur les confréries religieuses, très influentes dans le pays. Mais, les experts appellent à la vigilance.

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Le Sénégal reste vigilant face à la ménace djihadiste
Le Sénégal reste vigilant face à la ménace djihadisteImage : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Dans un rapport publié récemment, le Timbuktu Institute tire la sonnette d’alarme. Selon le groupe de reflexion, deux régions du Sénégal, Matam, dans le nord, et Tambacounda, dans l’est, seraient menacées par des extrémismes radicaux.  

"Crise sahélienne et nouvelles dynamiques socio-religieuses dans la Moyenne-vallée du fleuve Sénégal”, c'est le titre de ce rapport publié par Le Timbuktu Institute, en partenariat avec la Fondation allemande Konrad Adenauer.

Un rapport qui met en lumière la vulnérabilité de zones frontalières qui semblent avoir été délaissées par l’Etat sénégalais.

Des régions en manque de services sociaux de base et où les mouvements de populations en provenance du Mali pourraient constituer un danger pour  la quiétude des populations. Un rapport en forme donc, d'alerte aux autorités sénégalaises.

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Absence de services sociaux

"Le défit majeur pour le Sénégal, ce n'est pas seulement d'anticiper sur l'arrivée potentielle des groupes djihadistes mais de faire en sorte qu'il n'y ait pas de couveuses locales et que les populations frontalières se sentent beaucoup plus rattachées à l'entité étatique qu'à un quelconque groupe extrémiste", explique Bakary Sambe  directeur régional du Timbuktu Institute.

" Il faut des services sociaux de base partout", Bakary Sambe (Timbuktu Institute)

Autre motif d’inquiétude qui pourrait constituer un terreau fertile aux groupes radicaux : certaines frustrations au sein de la société sénégalaise, notamment l'avenir des élèves issus des écoles islamiques, selon Mamadou Bodian, chercheur à l’IFAN, l'Institut fondamental d'Afrique Noire à l’université Cheikh Anta Diop. 

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Des frustrations à gérer

" La société sénégalaise est divisée entre une élite francophone et une autre élite arabophone qui s'est malheureusement vue exclue pendant longtemps du système admnistratif parce que, simplement, ils ont reçu une éducation différente à travers les institutions réligieuses. Et beaucoup d'entre eux, parce qu'ils ne parlent pas le français, n'ont aucune possibilité d'emploi", estime le chercheur. 

Face à l’extrémisme radical, les autorités sénégalaises misent sur les confréries religieuses, très influentes dans le pays mais peu présentes dans la région de Tambacounda et Matam selon plusieurs chercheurs.

" Parce qu'ils ne parlent pas le français, ils n'ont aucune possibilité d'emploi", Mamadou Bodian (Chercheur)

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Les confréries réligieuses

"Les confréries réligieuses ont cette capacité de contrer le discours radical. Ce sont des structures organisées à travers lesquelles les fidèles, ceux qu'ont appelle les talibés, reçoivent une certaine éducation. Ce sont des cadres de socialisation qui ne donnent pas facilement la possibilité aux gens de se radicaliser", dit Mamadou Bodian.

Si le Sénégal n’a jamais connu d’attentat, plusieurs imams et des prêcheurs ont cependant été arrêtés ces dernières années pour leur proximité présumée avec des milieux djihadistes. 

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Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle