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Echanges tendus entre la France et le Mali à l'Onu

Sandrine Blanchard | Avec agences
19 octobre 2022

Le chef de la Minusma salue des développements encourageants malgré l'insécurité. Mais le Mali accuse à nouveau la France qui dénonce des mensonges.

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Des  manifestants protestent, en janvier 2022, à Bamako, contre les sanctions imposées à la junte malienne
Les autorités maliennes sont en froid avec ParisImage : Florent Vergnes/AFP/Getty Images

La situation au Mali était à nouveau au cœur d’une réunion du Conseil de sécurité desNations uniesce mardi (18.10.).

El Ghassim Wane, le chef de la mission onusienne au Mali, la Minusma, a fait état de développements encourageants. Par exemple, la proposition des autorités maliennes d'intégrer jusqu'à 26 000 combattants dans les forces de défense et de sécurité et d'autres structures de l'État. 

Situation sécuritaire et humanitaire

Cependant El Ghassim Wane pointe aussi du doigt une "situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme très difficile", dans le centre, le nord et l'est du Mali - dans la zone dite des trois frontières (entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger).

Gros plan sur le béret bleu d'un soldat de la Minusma à Gao
Les soldats de la Minusma sont aussi victimes des engins explosifs improvisés dans le centre et le nord du MaliImage : Florian Gaertner/photothek/picture alliance

Sur le terrain, trois enfants ont été tués par un engin explosif, ce jeudi, dans la région de Bandiagara, en pays dogon, région du centre du pays. Les mines antipersonnel ont déjà tué une vingtaine de personnes en une semaine, des civils et des soldats de la Minusma…. et plusieurs dizaines depuis le début de l’année.

Par ailleurs, près de Gao, dans le nord, au u moins sept combattants d'un groupe armé pro-gouvernemental ont été tués dans une attaque de leurs positions pour contrôler un des accès au sud de la ville.

"Depuis le mois de mars, on constate une forte augmentation des activités des éléments extrémistes affiliés à l'État islamique dans le Grand Sahara et au JNIM, dans les régions de Ménaka et de Gao, a déclaré El Ghassim Wane. Ces groupes extrémistes profitent des vides sécuritaires que les forces maliennes s'efforcent de combler, et ils se battent pour le contrôle du territoire tout en ciblant les soldats maliens ainsi que la MINUSMA."

El Ghassim Wane a indiqué que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays est passé de "350 000 à plus de 422 000 dans le centre et le nord" et que "plus de 175 000 réfugiés maliens se trouvent dans les pays voisins". L’envoyé spécial de l’Onu a aussi rappelé que près de 2 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire. 

Le ministre des Affaires étrangères du Mali : Abdoulaye Diop
Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, dénonce vertement les agissements de la France dans son paysImage : Thiam Nana Diallo

Liberté de mouvement de la Minusma

Le Conseil de sécurité a aussi examiné un rapport qui critique les "restrictions de mouvement et d'accès" imposées à la Minusma par les autorités maliennes. 

La Minusma réclame d’avoir les moyens de son action – ce qui inclut davantage de matériel notamment aérien, ainsi qu’une éventuelle augmentation de ses effectifs.

De son côté, le ministre malien des Affaires étrangères, présent à la réunion, a démenti toute volonté de restreindre les mouvements des Casques bleus : "Contrairement à ce qui est véhiculé, il n'existe aucune volonté de restreindre les mouvements de la mission. Il y a plutôt de la part du gouvernement du Mali une volonté d'affirmer notre souveraineté sur notre territoire, une volonté de coordination mais une volonté aussi de partenariat avec la mission en tenant compte de ce contexte nouveau", a fait savoir le ministre.

Mnaifestation contre la présence française à Niamey. Un manifestant brandit un écriteau sur lequel on peut lire "A bas la France"
L'animosité envers l'armée française croît en Afrique de l'ouestImage : BOUREIMA HAMA/AFP/Getty Images

Tensions entre le Mali et la France

Abdoulaye Diop qui s'est par ailleurs insurgé que "le rapport du secrétaire-général a passé sous silence la saisine du Conseil de sécurité par le Mali, le 15 août 2022, pour ce qui concerne les tentatives de déstabilisation et les violations répétées de l'espace aérien par les forces françaises.(...) C'est pourquoi le gouvernement renouvelle sa demande d'avoir une réunion spécifique du Conseil de sécurité qui lui donnera l'occasion de présenter des preuves concrètes des actes de duplicité, d'espionnage et de déstabilisation de la France à l'encontre du Mali."

Nicolas de Rivière, l’ambassadeur de France auprès de l’Onu, avait auparavant déclaré que la Minusma était "en danger", et appelé le Mali à "renouer des relations de coopération et de confiance avec ses partenaires de la sous-région".

Par ailleurs, Nicolas de Rivière a réagi aux accusations du chef de la diplomatie malienne en  déclarant : "Je tiens à rétablir la vérité après les accusations mensongères et diffamatoires du gouvernement de transition malien, telle que contenue dans la lettre transmise au Conseil de sécurité le 15 août et répétées à l'instant devant ce conseil par le ministre des Affaires étrangères du Mali."